La RTBF, un service public financé à 70% par l’argent des contribuables doit-il être attentif aux sirènes de la pub qui lui apportent 30 % de ses moyens … ? Ou continuer à penser « service public » (informer, divertir et éduquer) …
Cruel dilemme ?? Non, évidence … Quelle que soit l’audience, quoi qu’il arrive, quelle que soit la qualité de la programmation, l’argent public est là. Fidèle au poste. Par contre, les annonceurs sont volages et il faut donc les «chouchouter », les appâter … D’où le constat actuel, de (mauvais) choix qui sont souvent déterminés par l’étude scientifique ( ?) des taux d’audience ; on fait la part belle à des programmes faciles et accrocheurs, anecdotiques, faisant vibrer la corde sensible, sensationnels, limite voyeurs. La pub est au rendez-vous dès qu’on prévoit un taux d’audience important ; les annonceurs débarquent avec leurs « gros sabots » … et nous assomment avec leurs messages non sollicités et répétitifs. Si on n’est pas conditionné, on est agacé ; si on est conditionné, ils ont gagné.
Les infos et la météo sont des valeurs sûres et attirent donc la pub … « Matin première » sur la Une est un programme de bonne qualité mais l’invité de « Questions publiques » est souvent interrompu au milieu d’une phrase essentielle parce qu’il y a « de la pub sur le feu ». (Question de priorités) … et toutes les 10 minutes, on a droit à 2 minutes de messages abêtissants, récurrents, incitant à consommer, à polluer, nous faisant croire que le bonheur suprême c’est d’aller « faire les magasins », d’acheter des cadeaux de Noël inutiles, d’avoir un GSM dernier cri, de passer son temps au téléphone pour ne rien dire ; pubs agaçantes qui « récupèrent » l’ ambiance du moment (Achetez une voiture pour lutter contre le réchauffement climatique !! Luttez contre la crise en achetant chez nous) … Messages contre-productifs : « Bouffez ceci, buvez ça » qui doivent être contrecarrés par des campagnes menées par les services publics (ex. lutte contre l’obésité, problèmes de sur-endettement, innombrables problèmes environnementaux … ). « Contre-campagnes » organisées vaillamment, avec de petits moyens ; campagnes souvent un peu ringardes qui tentent maladroitement d’enrayer la grosse machine publicitaire bien rodée et super financée…
Temps perdu aussi, combien de minutes vides de sens autour de ces « moments-clef » (infos de 08h00, de 13h00, JT), combien de minutes de pub nous impose-t-on par jour, an ?!)
Envahissantes ces pubs qui n’osent même plus dire leur nom. D’ailleurs, la plupart des animateurs savent pertinemment bien que ça irrite et s’emploient à trouver des euphémismes : Nous nous retrouvons après « ceci »
Quel dirigeant de la RTBF défendrait vraiment de coûteuses (rapport qualité – prix !) productions comme « Y’a pas pire conducteur ». Nous n’allons pas insulter leur intelligence en suggérant qu’un seul d’entre eux apprécie vraiment ce genre de « divertissement » et pourtant, ils cautionnent allégrement la démarche pour défendre les parts de marché et leur ranking dans l’audimat. Pour apposer un vernis acceptable à cette option, ils parlent volontiers d’éviter le « syndrome Arte » … (On est loin d’ Arte … !) De plus, il semble assez condescendant de penser que la majorité du public n’aime que les programmes débilitants … Est-il impossible de réunir « les gens » autour d’un programme sensé ? Faut-il nécessairement faire appel « au plus petit commun dénominateur » pour intéresser ? Heureusement, des programmes comme « Questions à la une » sont encore là pour nous prouver le contraire. Bien qu'ils commencent aussi à surfer sur la pente glissante de l'audimat.
De nombreuses réponses à apporter à différents problèmes de société (violence, racisme, alimentation saine, respect de l’environnement, santé, connaissance des langues …) aboutissent à un même constat : il faut éduquer, mieux informer, il faudrait conscientiser … La Communauté française dispose d’un outil de communication performant, d’un porte-voix efficace : un service audio-visuel public dont les missions correspondent exactement à ces besoins criants. Soyons attentifs, ne permettons pas que l’outil soit détourné de la tâche essentielle qui lui est dévolue et qui justifie le financement par les contribuables …
Le service audio-visuel public peut faire un travail d’éducation permanente efficace en synergie avec les autres acteurs de l’éducation. Il a la main-mise sur les canaux qui « touchent » les générations actuelles pour éduquer, informer, conscientiser mais il doit reste informatif, inventif et éviter de diffuser des messages qui sabotent le travail d’éducation.
… C’est possible, si et seulement si, nous signons un contrat bien clair avec les gestionnaires de cet «outil » qui nous appartient encore à 70 ( ?) % …
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