mardi 28 juin 2011

Un grand NON à l’émission « The Voice » à la RTBF - Un grand OUI au Service public !



La pétition
A l'attention de : Jean-Paul Philippot, Administrateur général de la RTBF et son Conseil d'Administration, ainsi que la Ministre Fadila Laanan




[Avant de signer cette pétition, prenez bien connaissance de l'ensemble du texte ci-dessous et n'hésitez pas à poster des commentaires si vous souhaitez appuyer ou nuancer l'un ou l'autre de ses points. Cette pétition s'attache notamment au fait que The Voice est une émission formatée et importée ne permettant pas aux professionnels de la RTBF d'exprimer leur créativité, leur originalité, leur potentiel. Elle ne constitue cependant pas une fin en soi : créée par quelques téléspectateurs et citoyens attentifs et conscients du rôle des médias dans notre société, elle propose une réflexion plus large sur le service public. Il ne tient qu'à vous que cette réflexion devienne également la vôtre.]

Un grand NON à l’émission « The Voice » à la RTBF - Un grand OUI au Service public !

Nous avons appris le projet de la RTBF d’acheter à la firme Endemol le format de son émission «The Voice». Nous constatons, et le fait n'est pas neuf, que cette annonce intervient à la veille des vacances, tablant sans aucun doute sur la baisse d'attention du citoyen ainsi que sur sa faible capacité de mobilisation en cette période pour le placer devant le fait accompli à son retour de congés. Cette stratégie n'honore pas ceux qui la pratiquent, encore moins quand il s'agit d'une stratégie à répétion... (voir tout récemment le Jeu des Dictionnaires et la tranche 16h-19h de la Première "pas encore fixée")

Fadila Laanan, Ministre de tutelle de la RTBF défend son projet en ces termes :

« La ministre a rappelé l’autonomie dont dispose la RTBF, ainsi que la présence des divertissements dans ses missions de service public. Parlant de « grand divertissement familial dont les valeurs semblent a priori saines ».
Nous espérons que l'examen du dossier a dépassé le stade du simple "a priori".

Nous déplorons qu'il soit fait appel aux « missions de divertissement » du service public pour justifier l'achat de ce programme "clé sur porte" à une société privée. Ce type d’émission est, du reste, à rapprocher plutôt de la télé-réalité que du divertissement et le Contrat de gestion de la RTBF ne prévoit aucune mission en ce sens.

Nous tenons à rappeler à la RTBF qu’elle s’est déjà fait épingler par le CSA pour avoir classé son émission «C’est du belge» (le « magazine de l’excellence » qui nous parle de la famille royale) dans ses missions «d’éducation permanente»… Elle n’en est donc pas à son coup d’essai en matière de confusion des genres.

Constatant que la préoccupation essentielle de la RTBF est aujourd’hui de « faire de l’audience » pour attirer les annonceurs publicitaires, nous tenons à signaler à Madame la Ministre et à Jean-Paul Philippot, Administrateur délégué de la RTBF, le très net « essoufflement » constaté dans les audiences de TF1 pour ses émissions de télé-réalité. Tout passe, tout lasse, tout casse.

Nous leur rappelons également qu’en mars 2007, JF Lauwens, journaliste au Soir et spécialiste de la RTBF, s’exprimait ainsi dans une interview :
« Un cas récent, et qui est très révélateur, c’est RTL TVI qui a voulu lancer une version belge de la Star Academy. RTL a directement stoppé l’expérience après un an parce que le public comparait l’émission belge avec celle de TF1. C’est comme si RTL avait une Lada et TF1 une Ferrari…»

La RTBF n'est-elle pas sur le point d'acheter une vieille guimbarde au prix d'une Ferrari, fût-elle d'occasion ?

Nous ne doutons évidemment pas que l'émission The Voice fera l'objet de nombreuses interruptions publicitaires. Est-ce cela que Fadila Laanan appelle un « grand divertissement familial dont les valeurs semblent a priori saines » ?
« Il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation (...) de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. »
Ainsi s'exprimait Patrick Le Lay, ex-PDG de TF1. La chaîne annonce d'ailleurs le même programme pour début 2012... mais avec à coup sûr d'autres moyens que la RTBF. De quoi provoquer rapidement une "fuite des cerveaux disponibles" dès que TF1 entrera dans la danse...

« Les téléspectateurs ne reconnaissent plus la RTBF pour ce qu'elle devrait être: ce n'est plus une télévision culturelle, intelligente, dérangeante, drôle."

C’est le constat que faisait (déjà) Hugues Lepaige en février 2005 dans un numéro de la revue Politique intitulé « RTBF : L’être ou le néant »


Nous rappelons qu’un document appelé pompeusement la Charte de l’Identité et des Valeurs de la RTBF (sorte de « folder publicitaire » de la RTBF, sans aucune valeur juridique) commence par ces mots :

« Fidèle à sa mission de service public, la RTBF a comme objectif de s’adresser à toutes les audiences, à leur curiosité, à leur capacité d’étonnement et de rêve, à leur intelligence. Nous voulons répondre à leurs intérêts et à leurs besoins sociaux et culturels, refléter leurs émotions (…)
Ainsi, nous voulons marquer la différence.»


Dans le cas de l'émission The Voice, peut-on nous indiquer où est la différence ?

Il est vrai que le seul document qui engage réellement la RTBF est le Contrat de gestion et qu’il contient 14 fois la formule « dans la mesure du possible » et 7 fois « selon une (des) périodicité(s) décidée(s) par son Conseil d’Administration."
Autant dire que ça ne l’engage pas à grand-chose…


Ce contrat de gestion arrive à échéance fin 2012 et sera rediscuté à partir du mois d’octobre 2011. Il serait peut-être sain, voire naturel, d'associer les citoyens, actionnaires à 70% de la RTBF, à son processus d’élaboration afin que le détricotage du service public, entamé voici plusieurs années maintenant, ne se poursuive pas davantage et puisque, de toute évidence, les mandataires qui sont censés nous représenter dans ce dossier ne représentent plus qu'eux-mêmes et quelques intérêts de moins en moins publics et de plus en plus privés... à l'image de l'argent qui sort de notre poche à tous pour finir dans l'escarcelle de la société privée Endemol. Et on nous parlera ensuite de faire des économies !

En attendant, et concernant l’émission clé sur porte The Voice… C’est NON ! Faisons plutôt appel à nos talents, et il y en a : donnons-leur l'opportunité de pouvoir exprimer leur pleine mesure.

Et s'il devait s'avérer, dans les jours ou les semaines qui viennent, qu'il est déjà trop tard parce que vous auriez opté pour la politique déshonorante du (for)fait accompli, nous signalons à ceux qui le souhaitent qu'il serait encore temps d'écrire, comme ils en ont le droit, à mediationrtbf@rtbf.be (pas de lettre-type, ce serait considéré comme un spam).
Nous espérons que le service de médiation jouera son rôle, au lieu de se borner, pour toute réponse, à l'envoi d'une lettre-type (spam ?) où sont consignés les mots, les modèles de gestion et les choix déjà entérinés de la direction de la RTBF avec l'assentiment et l'appui de son pouvoir de tutelle.

Des actionnaires attentifs de la RTBF


Pétition

[NB pour les signataires de la pétition : à la rentrée, restez informés des suites de ce dossier et n'hésitez pas à relancer la pétition auprès de vos amis et à en parler avec eux dès que le sujet revient dans l'actualité. Soyons tenaces, y compris et surtout au moment où l'émission sera lancée, à grand renfort d'auto-promo (il se confirme que ce serait pour le mois de novembre). La RTBF espère que les gens vont se fatiguer, c'est donc le contraire qu'il faut faire : continuer de mettre la pression avec, en point de mire, un service public digne de ce nom, en partant des programmes les plus légers aux programmes les plus graves, mais portant tous la marque de la qualité et de la différence.] (Paraphe ajouté le 28/06/11)

mercredi 22 juin 2011

Télé - réalité et carrière artistique ??

La ministre de la Culture Fadila Laanan défend le projet de la RTBF d’acheter à la firme Endemol le format de son émission «The Voice»
Une adaptation ertébéenne de "The Voice" est en négociation et suivrait le canevas d’Endemol : quatre chanteurs confirmés seraient amenés à sélectionner et à former (en 17 semaines), 56 « talents » issus de la Communauté française.
Selon Madame Lanaan, qui parle de "grand divertissement familial dont les valeurs semblent a priori saines,l’apport d’une formation pour ceux qui souhaitent se lancer dans une carrière artistique n'est pas à négliger".Je me permets d'en douter ... Si téléréalité rimait avec culture artistique cela se saurait depuis longtemps ! En tout cas, téléréalité ne rime pas avec service public.
Tout bien réfléchi, téléréalité ne rime à rien ...
Pour plus d'infos voir l'article du Soir

Pétition :
Un grand NON à l’émission « The Voice » à la RTBF - Un grand OUI au Service public !

mardi 21 juin 2011

Courrier au service de médiation de la RTBF. Objet : Service public, Jeu des dictionnaires et Valeurs RTBF...


















(Copies envoyées à Jean-Paul Philippot, Jean-Pierre Hautier, Francis Goffin, Fadila Laanan et Jean-François Lauwens)

Les suites à ce courrier sont publiées ici sur le blog :
http://rtbf89.blogspot.com/2011/07/from-mediationrtbfrtbf.html

Bonjour,

Suite à l'annonce, la semaine dernière, de la suppression du Jeu des Dictionnaires à la rentrée de septembre, je voudrais vous faire part de ce qui suit.

Avant tout, et pour que nous soyons sûrs de bien nous comprendre, j'aimerais insister sur le fait c’est à la RTBF que je m’adresse en tant que service public financé à hauteur de 70% par l'argent des citoyens, qui en sont, par conséquent, les actionnaires majoritaires, et que la RTBF est supposée représenter.

J'ai donc appris la semaine dernière que la direction de la RTBF avait décidé de mettre fin aux émissions le Jeu des Dictionnaires et la Semaine infernale.
http://www.lesoir.be/culture/medias/2011-06-17/le-jeu-des-dictionnaires-c-est-fini-846160.php
Tout d'abord, permettez-moi de m'étonner d'apprendre ce type d'info par la presse écrite, sous la plume de Jean-François Lauwens, et non de la bouche d'un des directeurs de la RTBF, sur les antennes de notre radio publique.

"Les patrons de la RTBF-Radio et de La Première, Francis Goffin et Jean-Pierre Hautier, ont décidé de mettre un terme à une émission qui, depuis 1989, était devenue une véritable institution dans le paysage radio francophone.
(...)
L’information en soi est déjà un événement dans le petit monde la radio belge, généralement très calme. Mais la suite ne manque pas de sel non plus. Pour remplacer le vieillissant programme enregistré en rafale, La Première a jeté son dévolu sur un tandem qui officiera quotidiennement en direct. Il se compose d’Olivier Monssens, actuellement sur les antennes de Classic 21 et de Be TV, et de duBus."

On le voit, Jean-François Lauwens est visiblement bien informé de ce qui se trame en interne à la RTBF.

A l'étonnement de trouver tant de détails dans l'article succède l'indignation en apprenant que les membres de l'équipe du JDD n'ont pas été informés préalablement de cette décision.

Bien sûr, j'entends d'ici les directeurs pousser les hauts cris : Comment ! Mais de quel droit et à quel titre cette auditrice ose-t-elle s'indigner ? Eh bien comme je vous le disais plus haut, parce que je contribue à 70% au salaire des directeurs en question et que d’éventer, en externe, une nouvelle qui concerne l’avenir professionnel de membres d’une entreprise n’est pas l’idée que je me fais de managers efficaces et scrupuleux.

Les explications de Francis Goffin, le lendemain au Grand Huit furent très peu convaincantes :
http://archives.lesoir.be/radio-francis-goffin-rtbf-s-explique-sur-la-fin_t-20110618-01FRL8.html?query=goffin+&firstHit=0&by=10&sort=datedesc&when=-1&queryor=goffin+&pos=2&all=2325&nav=1

« Je tiens à m’excuser auprès de l’équipe du Jeu des dictionnaires, glisse Francis Goffin. Il n’était pas prévu qu’elle apprenne la nouvelle par la presse.»

Pas prévu… Il « glisse »…

"Cela étant, il ne s’agit évidemment pas d’un désaveu. Mais rien n’est éternel, pas plus en radio qu’ailleurs."

En effet : le verbe « glisser » était fort à propos : Francis Goffin vient déjà de glisser vers autre chose.

J’étais moi-même à l’écoute du Grand Huit, ce samedi matin :

"Tout d'abord, je voudrais commencer par une bonne nouvelle : Le JDD a duré 22 ans et la Semaine infernale, 24 ans"..."

Pourriez-vous « glisser » aux responsables de la communication de la RTBF qu’il est inutile et hautement risible de vouloir tempérer une mauvaise nouvelle par l’annonce d’une platitude positive qui ne nous apprend rien ?
C’est une ficelle usée, archi-usée, totalement ringarde et qui ne dupe personne, ni dans le cas de la RTBF, ni en politique, ni dans l’annonce d’un plan de restructuration d’entreprise…
Cela ne marche plus ! Et encore, nous n’avions pas l’image ! Nous avons échappé au sourire Pepsodent qui accompagne généralement ce type d’exercice d’échauffement musculaire (je parle des muscles zygomatiques). Affligeant !

"Ensuite, je voudrais dire que les auditeurs de la Première sont des auditeurs exigeants…"
Deuxième message à vos communicateurs : la pommade, ça ne marche plus non plus.

« Pour ce qui est de la suite, nous ne sommes pas encore fixés »
L’étonnement, l’indignation… et maintenant l’inquiétude. Y a-t-il un pilote, dans l’avion ? Mais je me doute que c’est une feinte et que le plan est déjà tout tracé ! Sacrés communicateurs !

Pour venir en aide au patron de la radio (à la peine tout de même, le pauvre, pendant que Jean-Pierre Hautier et Jean-Paul Philippot profitaient de leur samedi) on va chercher un témoignage d’une auditrice mécontente : « Je ne pourrais pas vivre sans le Jeu des dictionnaires ! »
Naturellement, c’est tout ce qu’on a cru bon de répercuter à l’antenne : une phrase écrite par quelqu’un visiblement sous le coup de l’émotion et de la colère et qui fait passer les auditeurs pour une bande de groupies incapables de maîtriser leurs nerfs…
On se doute bien que cette dame ne va pas mettre fin à ses jours, si l’émission passe à la trappe !
Cette manie d’aller chercher les témoignages les moins pertinents !

Car au-delà du débat, que je trouve légitime, sur le maintien ou non d’une émission qui a duré 22 ans, c’est bien de service public qu’il s’agit. L’expérience a prouvé à maintes reprises qu’à chaque fois qu’une émission a disparu de l’antenne, en radio ou en télé, celle qui l’a remplacée faisait la part plus belle aux annonceurs par la succession de séquences de plus en plus courtes permettant le passage d’un plus grand nombre de publicités. Et c’est cela que la plupart des auditeurs redoutent aujourd’hui.

Procès d’intention ? Pas sûr…

Tout récemment encore, en télé cette fois, on a supprimé l’émission Au Quotidien (50 minutes d’un seul tenant), que personnellement je ne regardais pas vu qu’à cette heure-là, je ne regarde pas la télé, mais qui avait, de toute évidence, trouvé son style et un public familial et diversifié (200.000 téléspectateurs par jour en moyenne).

L’émission a été remplacée par On n’est pas des Pigeons, (125.000 téléspectateurs par jour environ) http://www.tuner.be/actu.asp?id=143953&content=home&key=audiences
Moi je veux bien…
Je ne la regarde pas plus que la précédente, mais tout de même, avec le battage médiatique qu’on a fait là autour, la curiosité m’a poussée à y jeter un coup d’œil. Sans faire de procès à l’émission elle-même et à la qualité de ses animateurs, je constate néanmoins qu’elle est constituée de séquences d’une douzaine de minutes, entrecoupées de publicités : pas besoin d’aller plus loin, on a compris les raisons qui ont motivé le passage d’une émission à l’autre. C’est d’autant plus aberrant que le principe de l’émission prétend nous préserver des méfaits de la publicité… Allez comprendre !

Et c’est comme ça depuis plusieurs années, maintenant. On assiste à une dégradation du « service public » au profit des logiques dictées par les annonceurs. Et toujours en jurant la main sur le cœur que ce n’est pas le cas… ou qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter pour l’avenir.

On a eu droit au couplet « Jamais vous verrez de coupures publicitaires dans les films, à la RTBF ». On voit ce qu’il en est aujourd’hui ! Pas de votre faute, c’est « la crise ». Ah ! La crise…
Il est vrai qu’on se souvient avoir entendu la Ministre Fadila Laanan tacler un auditeur de Matin Première, en février 2008, un des ces impertinents qui se plaignait que la publicité devenait de plus en plus envahissante : « Refuser la publicité en radio/télé, c’est un truc de bobos ». Eh bien…

A toutes fins utiles, je signale que les chaînes nationales espagnoles ont supprimé toute publicité sur leurs antennes au 1er janvier 2010, ce qui a eu pour effet de faire remonter les audiences. Je n’ai pas les détails de la compensation financière pour combler le manque à gagner, mais je compte bien m’en informer : il y a peut-être des idées à creuser pour Madame la Ministre et son cabinet. Peut-être même, une idée de vidéo didactique et ludique, comme son équipe en a le secret.

Personnellement je reste très songeuse, lorsqu’on nous explique (pour nous faire peur) que la fin de la publicité, cela signifierait l’obligation d’augmenter la redevance annuelle. A ces mots, le citoyen frémit ! Mon argent ! Assez de taxes ! Laissez-nous nos publicités !
Encore récemment, une étude signée Deloitte Consultancy était étalée un peu partout dans les journaux, dans la rubrique « économie », histoire de bien enfoncer le clou.

Oui, mais… Il se trouve qu’une association française (Résistance à l’agression publicitaire) a commis il y a un an ou deux, une petite étude toute simple consistant à évaluer, en se basant sur les données des rapports annuels de société, ce que la publicité coûtait (en charges) à ces sociétés et qui, forcément, intervenait dans le calcul du prix de vente d’un produit.
http://antipub.org/spip.php?article96
On arrive ainsi à la coquette somme de 527€ par an et par personnes. Soit, pour une famille avec deux enfants, un budget annuel de plus de 2.000€. Je vous avoue que, personnellement, je préfèrerais que les sociétés fassent moins de pubs et baissent les prix de vente de leurs produits. Je paierais alors volontiers les quelques dizaines d’euros nécessaires pour combler le manque à gagner de la RTBF et être à tout jamais débarrassée des publicités à l’écran ou en radio !

On a eu droit aussi au couplet : « Jamais vous ne verrez d’émission de télé-réalité type Star Academy sur les antennes de la RTBF… On nous annonce à présent que la RTBF veut acheter l’émission The Voice à la société Endemol. Je vous signale tout de même que les émissions de télé-réalité sont en perte de vitesse et qu’en matière d’innovation on a déjà vu mieux qu’un concept qui commence à sentir le rance !

Et les exemples de ce type d’égarement du public sur les terrains de chasse du privé sont légions… les auditeurs et téléspectateurs ne sont pas dupes, allons !

Il suffit de lire les commentaires de la pétition pour s’apercevoir que cette notion de « service public », qui semble si difficile à cerner autant qu’à atteindre par nos top-managers, s’impose comme une évidence aux auditeurs : http://10065.lapetition.be/

Le monde est mal fait, tout de même ! Et ces auditeurs s’aperçoivent de la tendance de plus en plus claire de la RTBF à s’aligner, oh bien sûr, elle s’en défend, sur la concurrence au nom de l’audimat et de la rentabilité.

Non seulement, ses directeurs s’en défendent, mais lorsque, par miracle ou par chance, la critique arrive jusqu’à leurs oreilles, ce jugement, qui les étonne toujours, est aussitôt qualifié de « hâtif » de « procès d’intention » ou encore, de « tarte à la crème »…

Permettez-moi faire référence à la revue Politique, parue en Février 2005 : [ http://politique.eu.org/spip.php?article159 ]
C’est un numéro consacré pour l'essentiel à la RTBF et intitulé :
RTBF, l'Etre ou le néant
L'un des chapitres s'intitule : Programmation, la tentation du mimétisme.
Il est signé par Frédéric Antoine, professeur à l'Ecole de journalisme de Louvain (EJL) et membre de l'Observatoire du récit médiatique (ORM).

En voici un extrait :
"Alors que l'on eut pu croire que l'opérateur public aurait tenté de se distinguer de ce qu'il faut bien considérer comme ses compétiteurs, force est de constater que ce n'est pas une stratégie d'altérisation qui semble s'être imposée, mais celle d'une volonté de combattre les acteurs privés en recourant aux mêmes armes qu'eux, ou à tout le moins, aux même types d'armes."

Voici un autre extrait, sous la plume cette fois d'Hugues Le Paige, dans le chapitre Entre offre et demande : le grand écart :

"Un double langage
Officiellement, les dirigeants de la RTBF continuent à tenir les discours traditionnels des défenseurs du service public. Une sorte de schizophrénie s'est installée boulevard Reyers (...) Plus on affirme son identité, plus, en même temps, on glisse de fait vers un modèle inspiré des télévisions privées.


(...) Les téléspectateurs ne reconnaissent plus la RTBF pour ce qu'elle devrait être: ce n'est plus une télévision culturelle, intelligente, dérangeante, drôle."

Ce que j’ai pu lire ou entendre concernant ce qui nous attend pour remplacer le Jeu des dictionnaires ne fait, évidemment, que confirmer ces analyses de professionnels des médias.
Et ce serait un beau mot de la fin s’il n’y avait ce nouvel article de Jean-François Lauwens, paru dans le Soir du samedi 18/06/11.

Tout à la fin de l’article, je lis :

« Ceci s’inscrit dans notre volonté de rénover cette chaîne, ce qui a été fait avec succès avec Matin Première ou Le forum de midi. Le drive-time (NDLR : la fin de journée, 16 h - 19 h) sera notre grand chantier de la rentrée de septembre. Mais que nos auditeurs se rassurent : même sans Le jeu des dictionnaires, l’impertinence restera un axe primordial de La Première. »

http://archives.lesoir.be/radio-francis-goffin-rtbf-s-explique-sur-la-fin_t-20110618-01FRL8.html?query=impertinente&firstHit=0&by=10&sort=datedesc&when=-1&queryor=impertinente&pos=0&all=289&nav=1


Compte tenu de tout ce que j’ai expliqué précédemment, on comprendra que je ne suis pas du tout rassurée. Et que la tranche 16h -19h ne concerne pas uniquement le Jeu des dictionnaires…

Des projets innovants pour le 90 Minutes ? ? Vous les gardez au chaud pour la rentrée, histoire de faire une surprise à l’équipe ? Un concept mêlant infos et divertissements ? Cinq minutes de pubs, deux minutes d’infos, trois minutes d’humour ?

Je me souviens de l’émission Intermédias, au sujet du changement de la tranche infos télé, à grand renfort d’auto-promo. De nombreux courriers arrivés à ce sujet demandaient, nous disait-on, davantage d’analyse et moins de faits divers…
Le 90 Minutes nous offre cette approche de l’actualité et ce, de façon professionnelle, rigoureuse et dans le respect des auditeurs.

Le coup de poker menteur part-il de l’idée que, d’ici au mois de septembre, le soufflé du Jeu de Dictionnaires sera retombé et que les auditeurs, gorgés de soleil n’auront ni l’envie ni l’énergie de se mobiliser à nouveau pour une tranche d’infos ? Et puis, qui va se bouger pour défendre un journal parlé, je vous le demande…

Encore un procès d’intention ?

Peut-être… Mais il est vrai que je n’ai plus confiance dans vos paroles lénifiantes. Et qu’à lire les commentaires suscités ici et là par la suppression du Jeu des dictionnaires, je ne crois pas exagéré d’affirmer ne pas être la seule dans ce cas.

En tant qu’auditrice et téléspectatrice, je ne trouve plus mon compte et ne me retrouve plus dans cette RTBF, alors que les missions reprises dans son contrat de gestion stipulent qu’elle devrait être à l’image des citoyens qui composent la Communauté française. Il est vrai que le contrat de gestion contient quatorze fois ( !) la formule « dans la mesure du possible » alors, forcément, cela n’engage pas à grand-chose…

Je terminerai (enfin ! mais il y aurait encore beaucoup à dire) en disant que, si ma déception à l’égard du service public est grande, elle est également à la hauteur de l’attachement que j’ai pour ce qu’il devrait être. Mais je ne suis qu’une auditrice… et je n’ose imaginer, dès lors, ce que ce doit être pour ceux qui travaillent dans une telle ambiance et sous des statuts souvent précaires…

Il y a là plus qu’il n’en faut pour briser des enthousiasmes et museler des paroles qui devraient pourtant être libres et partagées par tous.

Je pense aujourd’hui très fort à tous ces artisans!

Isabelle Marchal
Actionnaire de la RTBF

La Charte de l'identité et des valeurs de la RTBF
« Fidèle à sa mission de service public , la RTBF a comme objectif
de s’adresser à toutes les audiences, à leur curiosité, à leur capacité
d’étonnement et de rêve, à leur intelligence. Nous voulons répondre
à leurs intérêts et à leurs besoins sociaux et culturels, refléter leurs
émotions. »


Franck Lepage : la langue de bois décryptée avec humour


Envoyé à : mediationrtbf@rtbf.be
Publié sur le blog RTBF89 : http://rtbf89.blogspot.com/
Partagé sur le mur du groupe Facebook RTBF89 : https://www.facebook.com/groups/rtbf89
Partagé sur le mur du groupe Facebook : Non à la fin du Jeu des dictionnaires : http://www.facebook.com/pages/Non-%C3%A0-la-la-fin-du-jeu-des-dictionnaires-sur-la-Premi%C3%A8re/212988085406244

Copies envoyées à :
Jean-Paul Philippot : jg@rtbf.be
Jean-Pierre Hautier : lpdirection@rtbf.be
Francis Goffin : dgradio@rtbf.be
Source : Qui est qui à la RTBF ?
Cabinet de la Ministre de tutelle Fadila Laanan : info.laanan@cfwb.be
Jean-François Lauwens (adresse supposée correcte) : jean-francois.lauwens@lesoir.be

lundi 20 juin 2011

Comment sont calculés les taux d'écoute de la radio ?

Publié sur le mur du groupe Facebook Non à la fin du Jeu des Dictionnaires où de nombreux auditeurs se posent la question.

Comment sont calculés les taux d'écoute de la radio ?


Voyons ce que nous dit le site du CIM (Centre d'Information sur les Médias) à ce sujet :


"Au CIM les mois de Février et Juillet sont les mois préférés des émetteurs radio. Deux fois par an, le CIM publie les chiffres d'écoute des radios en Belgique. Dans chacune de ces deux vagues, ± 8.500 répondants sont invités à remplir un carnet d'écoute pendant 7 jours. Ils indiquent par quart d'heure quelles radios ils ont écoutées.
Le recrutement des répondants est effectué par le biais d’une enquête face-à-face au domicile, sur base d’un tirage aléatoire d’individus ayant 12 ans ou plus."


Dans le détail de la méthodologie utilisée, on apprend qu'il est demandé à l'auditeur de signaler (par 1/4 d'heures) les plages horaires qu'il a écoutées "plus de 10 minutes sur le 1/4h en question)...


Cela peut sembler fiable à première vue, mais cela s'avère bien souvent totalement pervers dans la réalité : Prenons un chroniqueur (Thomas Gunzig ou Bert Cruysmans, par exemple) qui intervient dans le cours d'une émission, et dont la chronique est précédée ET suivie d'une page de pubs de plusieurs minutes...
Si les pubs vous exaspèrent (et nous sommes nombreux dans ce cas) vous allez baisser le son pour le remettre approximativement un peu avant le début de la chronique. Une fois terminée, vous baisserez à nouveau le son.


Si on vous demande de répondre à la question : Avez-vous écouté au moins 10 minutes de la tranche horaire où intervient ce chroniqueur, que répondrez-vous ? Non, bien sûr ! Et sans doute penserez-vous même pénaliser les publicités en répondant un "non" cinglant... alors qu'en réalité, c'est le chroniqueur qui sera tenu pour responsable de l'"essouflement" constaté durant "son" 1/4 d'heure...

Ajoutons enfin, pour être complets, que tous ces savants calculs se font sur la base... de petits carnets distribués à 100 personnes et complétés, par quart d'heure, à la main. Les calculs définitifs sont effectués sur les carnets réellement renvoyés au CIM. Certains mois, à peine 30 personnes se donnent la peine de faire tout ce travail, et c'est donc sur la base de ces 30 personnes que sont "extrapolées" les résultats d'audiences de la radio.
Autant le savoir...


Et les podcasts ?


Aucun podcast n'est pris en compte pour le calcul d'audiences... et pour cause : le CIM est composé exclusivement de sociétés commerciales ou d'annonceurs publicitaires uniquement intéressés par les "scores" des émissions aux heures où ils envisagent de placer leur spot...


La composition de conseil d'administration du CIM
A noter que Jean-Paul Philppot est Président du conseil d'administration (non rémunéré) de la RMB (Régie Média Belge), représentée au CA du CIM  L'objectif de la RMB est "d'être leader dans l'exploitation des produits médias et dont la mission est d'être créateur de solutions médias/marketing pour les annonceurs publicitaires)

Le détail des mandat de JP Philippot