mercredi 23 mai 2012

La traversée du couloir

Voici un témoignage que nous avons reçu récemment et que nous avons décidé de partager avec vous.

Bonne lecture !


La traversée du couloir


Voici un peu plus de quinze ans que je regarde le JT de la RTBF, avec un niveau de satisfaction finalement assez faible. Mes attentes sont pourtant simples : une information claire, complète, détaillée, précise et ne traînant pas en longueur. A la place, je trouve des informations approximatives (usage habituel du conditionnel), qui ne répondent pas aux questions proposées dans les titres (effet d'annonce ?), qui n'en sont pas vraiment (le traitement de l'information consiste presque exclusivement en un micro-trottoir), répétitives voire redondantes (trois reportages d'affilée sur le même sujet), qui sombrent dans le sensationnalisme, et pour lesquelles le journaliste termine souvent le sujet par un jeu de mots poussif. Sans parler du placement pour les émissions produites par la RTBF.

Et je ne parle pas des sous-titres : fautes d'orthographe, inversions, arrivées précoces ou tardives (le présentateur excusera éventuellement la mauvaise qualité du son ou de l'image mais jamais celle des sous-titres). Déjà en février 2005, j'avais interpellé Yves Thiran, alors Directeur de l'information et de l'éthique, à propos de ce point; il m'avait répondu : "Nous avons régulièrement des sous-titres, disons, créatifs. La solution passe par une automatisation plus poussée des procédures. C'est en route". Sept ans plus tard, je n'ai toujours pas constaté d'amélioration notable, malheureusement.

Pour me consoler de ces déceptions, j'ai bien commis quelques infidélités en regardant le JT de RTL-TVI, mais ça ne durait jamais très longtemps. Non pas que l'information y soit moins bonne, mais simplement parce que tout y est présenté, à mon sens, de manière volontairement accrocheuse, pour ne pas dire racoleuse. Et tous les éléments d'un marketing minutieusement préparé sont présents : titres, infographie, vocabulaire, etc. Et ça a l'air de lui réussir pas trop mal puisque le JT de RTL-TVI devance régulièrement celui de la RTBF dans les taux d'audience.

D'ailleurs, à plusieurs reprises, la RTBF a opéré des changements afin d'essayer d'inverser ce phénomène. Certains étaient purement cosmétiques (la décoration du studio ou la couleur des sous-titres), d'autres modifiaient parfois la manière de présenter l'information (le journaliste responsable du sujet n'est plus assis à la même table que le présentateur, mais debout avec une infographie en fond d'écran) ou encore copiaient ce qui se faisait sur RTL-TVI (l'angle de la caméra changeait à chaque nouveau sujet) ou sur France 2 (présentation des sujets suivants à la mi-édition).

Après quelques semaines, déçu et un peu écœuré, je revenais au JT du service public, faute de mieux, et à mes insatisfactions initiales.

Et puis, il y a quelques mois, j'ai commencé à regarder le JT de la VRT de 19h00, avant de passer à celui de la RTBF à 19h30. Ainsi, j'avais vu le principal de l'actualité belge et internationale sur la VRT, et je complétais ce qui était typiquement wallon avec la RTBF. Mais au-delà du fond, difficile de ne pas comparer la forme. Et quelle différence ! Oui, la langue, bien sûr, mais tous les journalistes de la VRT en studio ont une prononciation impeccable (ce qui est loin d'être le cas de François De Brigode) et pas trop rapide. Ceux qui sont sur le terrain également, même si les rares correspondants d'origine néerlandaise sont parfois plus difficiles à décrypter.  Moins de formalisme (la tenue est cool, la cravate n'est pas obligatoire, on peut avoir le look "Paul Magnette", les journalistes se tutoient), les reportages sont bien ficelés et les informations sont telles que je l'espérais. Même dans des cas "extrêmes" (l'hommage aux enfants décédés dans l'accident de bus à Sierre, par exemple), la présentation était d'une dignité sans égale.

Devant cette évidence, il ne m'a pas fallu longtemps pour couper le cordon avec le JT de la RTBF; depuis plusieurs mois, je ne regarde plus que le JT de la VRT, à ma plus grande satisfaction.
Votre néerlandais souffre de quelques lacunes ? Pas de problème : tout le JT est sous-titré via la page 888 du télétexte. Vous maîtrisez plusieurs langues étrangères ? Vous serez comblé : tous les acteurs de l'actualité passent en VO, avec des sous-titres en néerlandais.

Et après le JT, que regardent tous les Belges ? La météo, bien sûr ! Et la version de la VRT est drôlement bien faite, avec des cartes détaillées à l'appui, où on se garde bien de vous fournir des informations inutiles ("nous fêterons demain les Cunégonde"), où on ne vous communique pas l'horaire des marées, contrairement à la météo de la RTBF (ça doit certainement intéresser les pêcheurs de crevettes wallons, allez comprendre) et où, à la fin, vous aurez droit à un "dag" sympa du présentateur ou de la présentatrice, plutôt qu'un systématique et artificiel "et surtout, prenez bien soin de vous".

Cette immersion est d'ailleurs très instructive, à plusieurs points de vue. Ainsi, ce boulanger flamand qui ne trouve pas d'ouvrier parce que les horaires sont difficiles. On est parfois bien loin de la caricature du flamand courageux qui, comme des millions d'autres, se lève tôt pour aller travailler. Ou encore cette affaire où la justice flamande enquête sur les relations entre le Parquet d'Anvers et une fraude présumée de diamants.
Ces sujets sont traités très ouvertement, tout à fait normalement, sans être minimalisés. Au début, il est assez déroutant de constater que la "vraie" Flandre ne correspond pas à ce que les hommes politiques flamands voudraient nous faire croire au travers des médias francophones.

Alors, au terme de cette expérience, la question qui se pose est de savoir si, un jour, je retraverserai le couloir du boulevard Reyers 52, pour retourner du côté obscur de l'information. A votre avis ?

Daniel Meyer.

mercredi 16 mai 2012

Les mercredis sans pub ?

Ce lundi 14 mai a été auditionné le Conseil de la Jeunesse au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles dans le cadre de l'élaboration du prochain Contrat de Gestion de la RTBF.

Etant donné que RTBF89 ne sera pas auditionné (malgré sa demande), nous nous sommes associés au Conseil de la Jeunesse concernant une proposition concrète que nous souhaiterions voir mise en application.
Ceci ne sera pas notre unique recommandation mais en sera une des plus importantes pour remettre sur la table des négociations la question de la présence publicitaire à la RTBF.

Voici ce texte de proposition:

« Les mercredis sans pub à la RTBF ? »

Etant donné :

- la pression publicitaire de plus en plus forte et insupportable constatée sur les ondes du service public par nombre d'auditeurs et de téléspectateurs ces dernières années;
- les récents propos tenus par Jean-Paul Philippot, Administrateur-Général de la RTBF, annonçant "qu'il n'est pas sain d'asseoir la croissance des moyens de la RTBF sur le pilier de la publicité" (La Libre, 13 mars 2012);
- la tendance de la pression publicitaire à influencer le contenu et les horaires des programmes;
- l'influence néfaste de la publicité sur la jeunesse, en particulier en ce qui concerne l'alimentation et l'hygiène de vie;
- la volonté de la Fédération Wallonie-Bruxelles de promouvoir des politiques de santé, en opposition complète avec les publicités pour certains types de produits dits de "malbouffe";

RTBF89 et le Conseil de la Jeunesse demandent que soit mis en place une journée par semaine "sans pub, ni sponsoring" sur les ondes radios et les chaines de télévision de la RTBF.

Cette journée serait idéalement le mercredi, pour les motifs suivants :

- en télévision, c'est la journée habituellement consacrée aux magazines d'information et de société: ces émissions gagneraient grandement à se libérer de la pression publicitaire qui influencerait leur forme et leur contenu;
- ce jour constituerait un "bol d'oxygène" et de tranquillité au milieu de la semaine, en particulier en radio où les auditeurs ont pu constater lors de rares précédentes journées sans publicité une manière totalement différente d'apprécier la radio sans interruptions bruyantes et envahissantes propres à la pub radio (bien plus intrusive qu'en télé);
- c'est une journée potentiellement suivie par la jeunesse, cible à préserver prioritairement des méfaits de la publicité;
- ce jour, enfin, constituerait un laboratoire afin de stimuler une réflexion sur la publicité et notre société de consommation par l'entremise de programmes d'éducation aux médias qui pourraient prendre la place laissée vacante par la pub.
Ces programmes pourraient aborder la thématique des multiples formes de publicités et des pratiques parfois insidieuses de celles-ci (notamment sur les nouveaux médias, sur le placement de produit, etc.).

Conscients du manque à gagner que constituerait une journée sans revenus publicitaires un jour par semaine, et sachant que la RTBF est l'un des médias publics européens (de taille et de marché comparables) les plus faiblement dotés par des sources publiques, nous demandons que la subvention publique soit proportionnellement revue à la hausse et que le nouveau contrat de gestion mette en place des mesures prévoyant d'en limiter les dépenses lorsque que celles-ci sont utilisées pour financer des activités qui n'ont pas (ou peu) de vocation de "service public".

Le financement des programmes d'éducation aux médias pourrait être partiellement soutenu par la Loterie Nationale, sous certaines conditions strictes.

Nous demandons enfin que soient envisagées des pistes de financement alternatives non reprises dans l'étude Deloitte*; entre autres l'idée que les dépenses publicitaires des sociétés ne fassent plus l'objet d'une exonération fiscale à 100% mais soient légèrement taxées pour compenser une diminution des recettes publicitaires des médias de service public.

A ce stade, les cosignataires ayant déjà répondu à notre appel sont : Conseil de la Jeunesse - RTBF 89 - Asbl Coala - la Fédération InforJeunes Wallonie-Bruxelles - la Fédération des Jeunesses Musicales Wallonie-Bruxelles - le Centre de Jeunes et de la Culture de Rochefort - DEI Belgique (Défense des Enfants International) - La Fédération Nationale des Patros - Jeunes Cdh – EcoloJ – Le Projet Coup2Pouce -
L’association Loupiote - Empreintes Asbl - ACMJ (Action Ciné Média Jeunes) - Le Conseil de la Jeunesse Catholique (CJC) – Jeunes CSC – La CODE (Coordination des ONG pour les droits de l’enfant) - l’UNECOF – Univers Santé – Consoloisirs.be.

http://www.conseildelajeunesse.be/Les-mercredis-sans-pub,394

* Etude de Deloitte relative au « financement de la RTBF et à la recherche de financements
alternatifs à la publicité et au sponsoring sans affaiblir l’offre de service public et en
garantissant la stabilité et la pérennité du financement de cet opérateur »
Pour continuer la réflexion et mener le débat, une table-ronde aura lieu dans la foulée le vendredi 25 mai à 15h à la Communauté française (Salle Henry Ingberg – Boulevard Léopold II, 44 à 1080 Molenbeek-Saint-Jean), pour débattre de cette proposition, évènement ouvert à tous !

jeudi 16 février 2012

Plainte au CSA pour diffusion d'images violentes sans avertissement pour la protection des mineurs

Le 24 octobre dernier, j'introduis une plainte auprès du CSA pour un manquement dans la protection des mineurs concernant un sujet au JT sur la mort de Khadafi (3 éditions de JT sans avertissements).

Sur le fond, la RTBF reconnait avoir volontairement ignoré ces avertissement car elle estime qu'après 4 jours et vu la diffusion médiatique de ces images, elles avaient perdu leur potentiel de nuisance auprès des mineurs.
Le CSA donne raison à la RTBF sur le fond, cependant le CDJ m'informe de ceci :
indépendamment du traitement de ce cas particulier par le CSA,
mais suite à celui-ci, j'ai été invité au CSA pour rappeler 
les règles déontologiques que les journalistes et les médias 
doivent respecter à propos des images de violence. 
Ce qui signifie qu'une plainte comme la vôtre peut avoir 
des effets en cascade.
Par ailleurs, je vous invite à lire la forme de l'argumentaire de la RTBF en ce qui concerne le plaignant.
(texte complet de la conclusion : http://www.csa.be/documents/1694 )

2. Argumentaire de l’éditeur de services
Dans son courrier au Secrétariat d’instruction et lors de son audition par le Collège, l’éditeur commence son argumentation en relevant que les séquences litigieuses n’ont fait l’objet que d’une seule plainte, émanant  d’ailleurs d’une personne ayant déjà saisi le CSA d’une plainte similaire. Il estime donc qu’on ne peut pas parler d’indignation générale et que l’on se trouve plutôt face à un plaignant qui tenterait d’instrumentaliser le CSA pour un combat personnel sans rapport avec la protection des mineurs.


Le CSA répond à ça (et c'est heureux !) :

3.1. Quant à la qualité du plaignant et à la quantité de plaintes
Il n’appartient pas au Collège de prendre en considération la qualité du plaignant ou la quantité des plaintes reçues, mais bien les seuls faits dénoncés. Quels que soient les objectifs du plaignant et quel que soit l’écho d’une plainte dans le grand public, à partir du moment où celle-ci remplit les critères de recevabilité, elle doit être traitée avec le même soin que n’importe quelle autre plainte. De la même manière, les récriminations d’une pétition seront jugées avec le même souci d’impartialité et selon les mêmes critères d’analyse qu’une interpellation individuelle.
En l’espèce, la plainte posait une question sur laquelle le Collège a eu à se prononcer à plusieurs reprises, et notamment dans une affaire récente concernant la RTBF1. Il n’est donc aucunement question  d’instrumentalisation du Collège qui a considéré, en toute indépendance, que la question soulevée était digne d’intérêt.


J'ai répondu à la fois au CSA et à la RTBF :

Message adressé au CSA
Copie à : Service Médiation RTBF & André Linard (CDJ)

N/Réf. : CD/nm/4023/28505/48-11
(CSA)

Chère Madame Dumont,


Je vous remercie pour le suivi de cette plainte et de sa conclusion.
Je souhaite toute fois réagir à cette conclusion et apporter quelques précisions principalement à destination de la RTBF - d'où la mise en copie de ce message au Service Médiation de la RTBF.
J'ajoute également Monsieur André Linard du CDJ qui a été contacté à ce sujet en même temps, le 24 octobre dernier, pour sa propre information.

En effet, j'ai été surpris de lire que la première partie de l'argumentaire de la RTBF dans l'instruction de cette plainte résidait en une tentative de me stigmatiser en réduisant mon statut à celui d'un "plaignant qui tenterait d’instrumentaliser le CSA pour un combat personnel sans rapport avec la protection des mineurs." (cf. http://www.csa.be/documents/1694 )
Je suis père de deux enfants et la protection des mineurs (ainsi que l'évolution des pratiques des médias) fait partie intégrante de mes préoccupations de parent et c'est bien en ces termes que j'ai déposé plainte.
Outre le fait que j'appartiens à un groupe de réflexion sur l'évolution de la RTBF, RTBF89, cela ne m'empêche pas d'avoir des considérations personnelles et indépendantes du groupe RTBF89.

Cela pose, d'ailleurs, une autre question : en quoi une plainte issue d'un citoyen qui militerait pour les respects de pratiques et de droits qui ne le concernent pas directement serait-elle moins pertinente, pourvu que les faits soient établis ?
En cela, je suis heureux de constater que le CSA ne prend en considération que les simples faits et défende l'intérêt général plutôt que des intérêts particuliers.

Par ailleurs, sur le cas précis du 24 octobre, je tiens à préciser que je n'avais vu qu'une seule fois des images de Khadafi similaires à celles utilisées pour le sujet du 24 octobre dans les 4 jours précédents et dans un sujet dont les images choquantes étaient beaucoup moins présentes - l'avertissement à l'attention des mineurs était d'ailleurs bien présent ce jour-là.
J'étais donc très étonné d'une séquence aussi longue et insistante (le CSA mentionne 30 secondes d'images violentes, l'équivalent d'un spot publicitaire) sur le sujet ET l'absence d'avertissement de rigueur sachant l'augmentation du nombre d'images choquantes par rapport aux jours précédents. Ceci comme ce qui pourrait être pris pour une surenchère.

J'imagine très bien que d'autres personnes que moi aient pu découvrir ces images plus tardivement et sans avoir pris connaissance de la nature violente et choquante de ces images.

N'étant pas spécialiste en la matière de protection des mineurs et de la nuisibilité réduite d'images choquantes après un certain temps ou une certaine exposition médiatique, je fait entièrement confiance aux conclusions rendues par le Collège d’autorisation et de contrôle. J'apprécierai d'ailleurs d'en apprendre d'avantage à ce sujet, s'il existe des études claires quant à la nuisance de ces images et comment on peut déterminer scientifiquement que de telles images perdent de leur nuisance après une certaine durée d'exposition médiatique.
Ceci pour ne pas reproduire moi-même la même erreur de jugement quant à la nuisance potentielle d'images violentes à l'avenir.

Veuillez recevoir mes meilleures salutations,

Eric Pecher

lundi 23 janvier 2012

INVITATION A UNE CONFERENCE - DEBAT

Organisée par le CDJ (Conseil de Déontologie Journalistique)  et
l'EJL (Ecole de Journalisme de Louvain - Département Communication)

CONFERENCE - DEBAT
LA DEONTOLOGIE DES JOURNALISTES EN QUESTIONS

DANIEL CORNU

Ancien rédacteur en chef à La Tribune de Genève, médiateur du groupe suisse Edipresse, président du Comité d’éthique et de déontologie de l’Université de Genève, auteur de Journalisme et vérité.
L’éthique de l’information au défi du changement médiatique (Labor et Fides, 2009), (futur) docteur honoris causa de l’Université catholique de Louvain-la-Neuve.

EN DIALOGUE AVEC

Marc de Haan
Directeur de Télé Bruxelles et vice-président du Conseil de déontologie journalistique
Résister et désobéir en journalisme
Ne pas être obligé d’agir contre sa conscience est un droit des journalistes. Est-ce tenable face aux exigences du marché et aux pressions en tout genre ?

Béatrice Delvaux
Editorialiste en chef et ancienne rédactrice en chef au journal Le Soir
Ringarde, la déontologie ?
Le journalisme se transforme radicalement sous l’effet, notamment, de la concurrence et des technologies. La déontologie est-elle dépassée ? Son existence même est-elle conservatrice ?

Jean-Jacques Jespers
Professeur de déontologie à l’ULB, ancien journaliste et médiateur à la RTBF,
membre du Conseil de déontologie journalistique
L'autorégulation, une manière de se protéger ?
L’autorégulation de la déontologie journalistique par la profession elle-même constitue-t-elle une garantie ou une forme de corporatisme protecteur ?


MERCREDI 1er FEVRIER 2012  
Résidence Palace, salle Polak
155, rue de la Loi, 1040 Bruxelles (Schuman)
Entrée gratuite
de 12h30 à 14h30

Inscription vivement souhaitée au CDJ
cdj@deontologiejournalistique.be

 

lundi 4 juillet 2011

Courrier à la médiation de la RTBF : suites...

From: mediationrtbf@rtbf.be
To: isabelle_marchal@hotmail.com
CC:
Subject: RE : Jeu des dictionnaires et Service public [#44634]
Date: Fri, 1 Jul 2011 11:13:14 +0200


Cet article fait suite au courrier envoyé à la médiation de la RTBF et publié sur ce blog :
http://rtbf89.blogspot.com/2011/06/courrier-au-service-de-mediation-de-la.html

Madame,

Votre long courriel adressé au service de médiation de la RTBF n’est bien parvenu et j’en ai pris connaissance avec attention.

Les questions qu’il évoque font partie, quasiment dans leur intégralité, d’une réflexion qui traverse la RTBF, quels que soient ses pans d’activité.

En effet, comment les organes de gestion (comité de direction et conseil d’administration) pourraient-ils décider en connaissance de cause des allocations budgétaires, des mises en production et des politiques d’achat déterminant les grilles de programmes sans une conscience aigue des missions de service public dévolues à la RTBF ?

Comment les directions de chaîne et les responsables de programmation radio et TV pourraient-ils mettre ces décisions en application sans une volonté tout aussi aigue de concilier le respect des obligations de service publics contenues dans les textes légaux et les légitimes exigences de leurs publics ?

Et il va sans dire que ces équations doivent tenir compte d’une situation budgétaire complexe dans la mesure où les marges de manœuvre sont étroites, voire inexistantes. Pour le dire autrement, l’ensemble des missions de la RTBF ne peut être rencontré aujourd’hui que dans un cadre budgétaire qui englobe subvention et recettes commerciales. On peut le regretter, on peut même le déplorer mais les faits sont ce qu’ils sont et je vous invite à consulter les bilan et comptes édités dans la partie « Entreprise » de notre site Internet pour vous en assurer.

L’étude indépendante sur le financement de la RTBF commandée par le gouvernement de la Communauté française au cabinet Deloitte ne fait que confirmer cette situation.
Vous regrettez la décision de la Direction générale de la radio et du Directeur de La Première de mettre un coup d’arrêt aux émissions « Le jeu des dictionnaires » et « La semaine infernale », c’est votre droit tout à fait légitime d’auditrice et vos regrets sont partagés par d’autres, y compris au sein de la RTBF. [NB : ce n'est pas ce que j'ai écrit : j'ai parlé des circonstances dans lesquelles ça s'était passé, précisément pour ne pas tomber dans le débat émotionnel et réducteur du "j'aime, donc il faut garder le JDD/je n'aime pas, donc il faut le supprimer"]


L’expérience a marqué tous ceux qui ont eu la chance de l’écouter comme ceux qui y ont participé activement. L’héritage laissé n’en est que plus exceptionnel et place haut, la barre de l’ambition que nous devons avoir dans le domaine de l’humour et de l’impertinence. Il incite en tout cas la RTBF à envisager de nouveaux projets bien dans le ton nouveau de La Première, avec les talents qu’elle recèle et prolongeant l’histoire si bien écrite dans le jeu des dictionnaires et la semaine infernale.

Pour leur part, Olivier Monssens et Frédéric Dubus nous rejoignent pour raconter la leur… Puis-je simplement vous demander de juger, en toute objectivité, du résultat concret du travail de cette nouvelle équipe lorsqu’elle sera à l’antenne ?

[NB : Je n'ai pas parlé d'eux : j'ai simplement dit craindre une augmentation des interruptions publicitaires de la future émission.]

Je voudrais vous indiquer le profond respect que nous avons, à la médiation comme dans les autres services de la RTBF, de la parole des auditeurs et téléspectateurs : lorsque vous évoquez la perte de confiance que vous ressentez à l’égard de la RTBF, nous ne pouvons qu’être interpellés et nous remettre en question.

La RTBF doit conserver une place significative dans le paysage audiovisuel de notre pays, légitimée notamment par le public qui suit ses programmes. C’est la raison pour laquelle elle propose, dans la mesure de ses moyens, des développements technologiques et conserve en point de mire le principe évident d’évolution qui doit être en trame de son travail éditorial.

Enfin, je voudrais conclure en rappelant combien les membres du personnel de la RTBF, et particulièrement l’équipe du Jeu des dictionnaires et de la Semaine infernale, ont été choqués d’apprendre l’arrêt des émissions par voie de presse écrite.

La communication directe vers le personnel était la priorité de la direction mais un scoop a bousculé le tout… La direction de la radio s’en est expliquée avec l’équipe concernée d’abord, auprès du reste du personnel et publiquement sur antenne ensuite.


Veuillez croire en mes sentiments distingués,

Service de Médiation de la RTBF

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Ma réaction, envoyée ce 04/07/11 à 23 heures.

Chère Madame,

Je vous remercie d'avoir pris le temps de répondre à ma longue lettre en me donnant des pistes de réflexion que je ne manquerai pas de creuser, dans le sens déjà développé, sur le service public, ses missions, le rôle du citoyen, ses droits.

Mais ce sera pour la fin du mois d'août.
D'ici là, tant d'eau peut couler sous les ponts, tandis que chacun savoure ses vacances...

Je pourrai alors mettre un passage de votre lettre, que je relève aujourd'hui, en perspective avec la réalité tangible et concrète de la nouvelle grille des programmes :

Je voudrais vous indiquer le profond respect que nous avons, à la médiation comme dans les autres services de la RTBF, de la parole des auditeurs et téléspectateurs : lorsque vous évoquez la perte de confiance que vous ressentez à l’égard de la RTBF, nous ne pouvons qu’être interpellés et nous remettre en question.

Je n'ai aucun doute qu'à la médiation comme dans d'autres services de la RTBF, ce profond respect existe bel et bien. Sachez que je mesure combien il doit être pénible, lorsque cette perte de confiance arrive jusqu'à vous, d'avoir à gérer des courriers qui l'expriment, chacun à leur manière (longuement, comme le mien!), souvent lorsque la coupe est pleine, vous éclaboussant au passage. 

Mais, comme Saint Thomas (à ce qu'il paraît), j'attends de voir pour croire que la remise en question dont vous me parlez, si elle a circulé dans la maison, a effectivement gravi les échelons de la hiérarchie jusqu'à interpeler les preneurs de décisions.

Car c'est essentiellement à eux que j'ai pensé et que je pense généralement, lorsque je m'adresse à la médiation. C'est donc surtout de leur côté que la citoyenne que je suis attend le nécessaire, sinon l'indispensable recentrage de la RTBF sur les missions spécifiques au service public... plutôt que d'être confrontée au spectacle désolant d'une lutte éperdue avec la concurrence privée sur des terrains où celle-ci est, de toutes façons, plus aguerrie, qu'il s'agisse de radio ou de télévision. 

Ce que j'ai lu, par exemple, de la récente conférence de presse de François Tron, monté en renfort "pour couper court "aux bruits qui circulent" sur l'émission The Voice me laisse à penser que le directeur de la Télevision ne se sent nullement interpelé  ni enclin à la moindre remise en question.

"Une opportunité incroyable" qui va "faire taire les critiques non fondées" des "détracteurs" (...)
"Contrairement à ce que j'ai lu ou vu, sur cet outil de production, les équipes de la RTBF vont travailler : les équipes artistiques, les équipes culturelles, les équipes de productions, les équipes techniques. Nous avons acheté un format avec un producteur qui s'appelle Endemol et Talpa mais l'ensemble des équipes va travailler autour de ce projet".
http://www.rtbf.be/info/medias/detail_the-voice-une-nouvelle-emission-de-divertissement-bousculant-pour-la-rtbf?id=6389033

Personne, à ma connaissance, n'avait compris que la RTBF allait embaucher, pour la circonstance, des gens de chez Endemol...

Ce qu'on a bien compris, en revanche, c'est que ce format (de là, le substantif formatage) est fort peu propice à l'application du contrat de gestion, plus précisément de l'Article 48.

Article 48 - Créativité :
La RTBF veille par des mécanismes internes à soutenir la créativité culturelle et artistique et l'innovation technologique de son personnel.
http://www.fadilalaanan.net/downloads/pdf/ContratdeGestionRTBF2007_2011.pdf


On le voit, tout est lié... et ce qui s'apprente à un saut du coq à l'âne ramène finalement, encore et toujours, au service public et à ses missions.

Vaste débat pour l'instant confisqué au citoyen.
"Soyons curieux"  et voyons ce qui se cache derrière cette remise en question...

Mais ce sera probablement pour la fin du mois d'août.
D'ici là, tant d'eau peut couler sous les ponts, tandis que, tout en restant vigilant, chacun savoure ses vacances...

Je souhaite que les vôtres soient excellentes !

Cordialement,

Isabelle Marchal


Copies envoyées à :
Jean-Paul Philippot : jg@rtbf.be
Jean-Pierre Hautier : lpdirection@rtbf.be
Francis Goffin : dgradio@rtbf.be
Francois Tron : dirtv@rtbf.be
Source : Qui est qui à la RTBF ?
Cabinet de la Ministre de tutelle Fadila Laanan : info.laanan@cfwb.be
Jean-François Lauwens (adresse supposée correcte) : jean-francois.lauwens@lesoir.be
 

mardi 28 juin 2011

Un grand NON à l’émission « The Voice » à la RTBF - Un grand OUI au Service public !



La pétition
A l'attention de : Jean-Paul Philippot, Administrateur général de la RTBF et son Conseil d'Administration, ainsi que la Ministre Fadila Laanan




[Avant de signer cette pétition, prenez bien connaissance de l'ensemble du texte ci-dessous et n'hésitez pas à poster des commentaires si vous souhaitez appuyer ou nuancer l'un ou l'autre de ses points. Cette pétition s'attache notamment au fait que The Voice est une émission formatée et importée ne permettant pas aux professionnels de la RTBF d'exprimer leur créativité, leur originalité, leur potentiel. Elle ne constitue cependant pas une fin en soi : créée par quelques téléspectateurs et citoyens attentifs et conscients du rôle des médias dans notre société, elle propose une réflexion plus large sur le service public. Il ne tient qu'à vous que cette réflexion devienne également la vôtre.]

Un grand NON à l’émission « The Voice » à la RTBF - Un grand OUI au Service public !

Nous avons appris le projet de la RTBF d’acheter à la firme Endemol le format de son émission «The Voice». Nous constatons, et le fait n'est pas neuf, que cette annonce intervient à la veille des vacances, tablant sans aucun doute sur la baisse d'attention du citoyen ainsi que sur sa faible capacité de mobilisation en cette période pour le placer devant le fait accompli à son retour de congés. Cette stratégie n'honore pas ceux qui la pratiquent, encore moins quand il s'agit d'une stratégie à répétion... (voir tout récemment le Jeu des Dictionnaires et la tranche 16h-19h de la Première "pas encore fixée")

Fadila Laanan, Ministre de tutelle de la RTBF défend son projet en ces termes :

« La ministre a rappelé l’autonomie dont dispose la RTBF, ainsi que la présence des divertissements dans ses missions de service public. Parlant de « grand divertissement familial dont les valeurs semblent a priori saines ».
Nous espérons que l'examen du dossier a dépassé le stade du simple "a priori".

Nous déplorons qu'il soit fait appel aux « missions de divertissement » du service public pour justifier l'achat de ce programme "clé sur porte" à une société privée. Ce type d’émission est, du reste, à rapprocher plutôt de la télé-réalité que du divertissement et le Contrat de gestion de la RTBF ne prévoit aucune mission en ce sens.

Nous tenons à rappeler à la RTBF qu’elle s’est déjà fait épingler par le CSA pour avoir classé son émission «C’est du belge» (le « magazine de l’excellence » qui nous parle de la famille royale) dans ses missions «d’éducation permanente»… Elle n’en est donc pas à son coup d’essai en matière de confusion des genres.

Constatant que la préoccupation essentielle de la RTBF est aujourd’hui de « faire de l’audience » pour attirer les annonceurs publicitaires, nous tenons à signaler à Madame la Ministre et à Jean-Paul Philippot, Administrateur délégué de la RTBF, le très net « essoufflement » constaté dans les audiences de TF1 pour ses émissions de télé-réalité. Tout passe, tout lasse, tout casse.

Nous leur rappelons également qu’en mars 2007, JF Lauwens, journaliste au Soir et spécialiste de la RTBF, s’exprimait ainsi dans une interview :
« Un cas récent, et qui est très révélateur, c’est RTL TVI qui a voulu lancer une version belge de la Star Academy. RTL a directement stoppé l’expérience après un an parce que le public comparait l’émission belge avec celle de TF1. C’est comme si RTL avait une Lada et TF1 une Ferrari…»

La RTBF n'est-elle pas sur le point d'acheter une vieille guimbarde au prix d'une Ferrari, fût-elle d'occasion ?

Nous ne doutons évidemment pas que l'émission The Voice fera l'objet de nombreuses interruptions publicitaires. Est-ce cela que Fadila Laanan appelle un « grand divertissement familial dont les valeurs semblent a priori saines » ?
« Il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation (...) de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. »
Ainsi s'exprimait Patrick Le Lay, ex-PDG de TF1. La chaîne annonce d'ailleurs le même programme pour début 2012... mais avec à coup sûr d'autres moyens que la RTBF. De quoi provoquer rapidement une "fuite des cerveaux disponibles" dès que TF1 entrera dans la danse...

« Les téléspectateurs ne reconnaissent plus la RTBF pour ce qu'elle devrait être: ce n'est plus une télévision culturelle, intelligente, dérangeante, drôle."

C’est le constat que faisait (déjà) Hugues Lepaige en février 2005 dans un numéro de la revue Politique intitulé « RTBF : L’être ou le néant »


Nous rappelons qu’un document appelé pompeusement la Charte de l’Identité et des Valeurs de la RTBF (sorte de « folder publicitaire » de la RTBF, sans aucune valeur juridique) commence par ces mots :

« Fidèle à sa mission de service public, la RTBF a comme objectif de s’adresser à toutes les audiences, à leur curiosité, à leur capacité d’étonnement et de rêve, à leur intelligence. Nous voulons répondre à leurs intérêts et à leurs besoins sociaux et culturels, refléter leurs émotions (…)
Ainsi, nous voulons marquer la différence.»


Dans le cas de l'émission The Voice, peut-on nous indiquer où est la différence ?

Il est vrai que le seul document qui engage réellement la RTBF est le Contrat de gestion et qu’il contient 14 fois la formule « dans la mesure du possible » et 7 fois « selon une (des) périodicité(s) décidée(s) par son Conseil d’Administration."
Autant dire que ça ne l’engage pas à grand-chose…


Ce contrat de gestion arrive à échéance fin 2012 et sera rediscuté à partir du mois d’octobre 2011. Il serait peut-être sain, voire naturel, d'associer les citoyens, actionnaires à 70% de la RTBF, à son processus d’élaboration afin que le détricotage du service public, entamé voici plusieurs années maintenant, ne se poursuive pas davantage et puisque, de toute évidence, les mandataires qui sont censés nous représenter dans ce dossier ne représentent plus qu'eux-mêmes et quelques intérêts de moins en moins publics et de plus en plus privés... à l'image de l'argent qui sort de notre poche à tous pour finir dans l'escarcelle de la société privée Endemol. Et on nous parlera ensuite de faire des économies !

En attendant, et concernant l’émission clé sur porte The Voice… C’est NON ! Faisons plutôt appel à nos talents, et il y en a : donnons-leur l'opportunité de pouvoir exprimer leur pleine mesure.

Et s'il devait s'avérer, dans les jours ou les semaines qui viennent, qu'il est déjà trop tard parce que vous auriez opté pour la politique déshonorante du (for)fait accompli, nous signalons à ceux qui le souhaitent qu'il serait encore temps d'écrire, comme ils en ont le droit, à mediationrtbf@rtbf.be (pas de lettre-type, ce serait considéré comme un spam).
Nous espérons que le service de médiation jouera son rôle, au lieu de se borner, pour toute réponse, à l'envoi d'une lettre-type (spam ?) où sont consignés les mots, les modèles de gestion et les choix déjà entérinés de la direction de la RTBF avec l'assentiment et l'appui de son pouvoir de tutelle.

Des actionnaires attentifs de la RTBF


Pétition

[NB pour les signataires de la pétition : à la rentrée, restez informés des suites de ce dossier et n'hésitez pas à relancer la pétition auprès de vos amis et à en parler avec eux dès que le sujet revient dans l'actualité. Soyons tenaces, y compris et surtout au moment où l'émission sera lancée, à grand renfort d'auto-promo (il se confirme que ce serait pour le mois de novembre). La RTBF espère que les gens vont se fatiguer, c'est donc le contraire qu'il faut faire : continuer de mettre la pression avec, en point de mire, un service public digne de ce nom, en partant des programmes les plus légers aux programmes les plus graves, mais portant tous la marque de la qualité et de la différence.] (Paraphe ajouté le 28/06/11)

mercredi 22 juin 2011

Télé - réalité et carrière artistique ??

La ministre de la Culture Fadila Laanan défend le projet de la RTBF d’acheter à la firme Endemol le format de son émission «The Voice»
Une adaptation ertébéenne de "The Voice" est en négociation et suivrait le canevas d’Endemol : quatre chanteurs confirmés seraient amenés à sélectionner et à former (en 17 semaines), 56 « talents » issus de la Communauté française.
Selon Madame Lanaan, qui parle de "grand divertissement familial dont les valeurs semblent a priori saines,l’apport d’une formation pour ceux qui souhaitent se lancer dans une carrière artistique n'est pas à négliger".Je me permets d'en douter ... Si téléréalité rimait avec culture artistique cela se saurait depuis longtemps ! En tout cas, téléréalité ne rime pas avec service public.
Tout bien réfléchi, téléréalité ne rime à rien ...
Pour plus d'infos voir l'article du Soir

Pétition :
Un grand NON à l’émission « The Voice » à la RTBF - Un grand OUI au Service public !