lundi 31 décembre 2012

Tous nos voeux à la RTBF !

Elle en a bien besoin, la pauvre !!!

 
Et vous ? Quelle radio/télévision souhaitez-vous pour 2013 ?

samedi 29 décembre 2012

Vous avez dit populiste ? Comme c'est populiste...


Par un de ces curieux hasards de la vie qui font se télescoper des informations a priori sans rapport les unes avec les autres, le discours de Noël de notre Souverain et la polémique qu'il a suscitée nous amènent, par un chemin plus court qu'il n'y paraît a priori, au tout nouveau Contrat de gestion de la RTBF, adopté vendredi dernier, en fin de soirée, par son Conseil d'Administration.

En page 3 d'un document qui en compte septante-huit, quelque part au milieu d'une fastidieuse énumération de « Etant préalablement entendu ce qui suit », on trouve la phrase suivante :  
« La RTBF refuse toute forme de populisme dans ses programmes, veille à en expliquer les simplismes et les dangers et donne aux citoyens les clés et les outils pour lutter contre celui-ci. » 

Si l'on comprend l'intention - louable - qui sous-tend la démarche, sa formulation n'en soulève pas moins certaines questions dont la principale, évidente, indispensable au débat : Qu'entend-on, au juste, par "populisme" ? Le Contrat de gestion reste muet à ce sujet. Il faut donc nous en référer à notre intuition, à notre analyse, à notre expérience.
Celle des récentes campagnes électorales, présidentielles en France et communales en Belgique, nous ont donné le spectacle de certains candidats, parfois aussi opposés sur la forme que sur le fond, n'ayant pourtant que ce terme à la bouche, dans le but, à peine dissimulé, de river son clou à l'adversaire ou tout au moins, de le discréditer : Populiste ! disait l'un. Vous même ! rétorquait l'autre.
On avance, et le débat démocratique, encore plus !

Et voilà que ce vendredi matin, c'est la RTBF elle-même qui, revenant sur la polémique soulevée par le royal discours, posait enfin la question tant attendue : « C'est quoi, le populisme ? » donnant, pour y répondre, la parole au sociologue Richard Lorent, auteur de "L’antipolitique – Les mots piégés de la politique" :
« Ce spécialiste, préfère plutôt éviter l'utilisation du terme "populiste". Ce qualificatif étant selon lui, essentiellement fourre-tout et disqualificateur pour l’adversaire. »

Ouf ! Nous ne sommes pas les seuls, trouvant ce mot trop souvent galvaudé, à le prendre avec des réserves, globalement pour cette même raison qu'il veut dire tout et son contraire et qu'il deviendrait donc facile d'évincer un interlocuteur, de contester un reportage, d'écourter un débat en invoquant ce motif.

Du reste, si l'on excepte le fait qu'à la tête des mouvements populistes, on trouve souvent un leader charismatique "qui veut devenir calife à la place du calife", il faut bien admettre que, dans un monde où les inégalités se creusent chaque jour un peu plus et où les richesses sont concentrées dans les mains d'une minorité, nous pourrions être nombreux à nous reconnaître dans cette définition succincte : « Le populisme met en accusation les élites ou des petits groupes d'intérêt particulier de la société. Parce qu'ils détiennent un pouvoir, le populisme leur attribue la responsabilité des maux de la société : ces groupes chercheraient la satisfaction de leurs intérêts propres et trahiraient les intérêts de la plus grande partie de la population.» 
Heureusement, il y a d'autres critères pour faire un tri plus subtil et ne pas précipiter dans ce panier tous ceux qui souhaitent, tout simplement, un monde où les richesses seraient réparties de manière plus équitable...

Mais au-delà de l'aspect terminologique de ce passage du Contrat de gestion, il y a cette autre interrogation : si la RTBF éprouve le besoin de mentionner explicitement qu'elle refuse le populisme, pourquoi ne le fait-elle pas d'autres dérives, tels que la démagogie, le poujadisme ou les extrémismes ?
Veiller à expliquer les simplismes et les dangers qui menacent la démocratie et donner aux citoyens les clés et les outils pour lutter contre ceux-ci, ou plus généralement, donner aux citoyens les clés et les outils pour appréhender le monde dans lequel il vit afin, notamment, qu'ils ne succombent pas à des courants de pensée séduisants mais dangereux... n'est-ce pas là l'essence même du service public ?

Nous avons pas encore eu le temps d'analyser l'ensemble du Contrat de gestion : eh oui, nous avons une vie en dehors de notre intérêt pour les médias... Mais de deux choses l'une, soit il a été vidé de sa substance au point qu'il soit devenu impératif de préciser ce qui découle normalement et naturellement des missions du service public, soit le Contrat de gestion est clair et dans ce cas, cette phrase n'a aucune raison d'y figurer, sorte de pièce rapportée, pour ne par dire cheveu dans la soupe, qu'on a souhaité placer là, à tout prix...

Pour quelles raisons ? La réponse nous échappe, mais notre conclusion sera mot pour mot, et c'est amusant, la même que dans l'article de la RTBF sur le discours du Roi :
« Seuls ses auteurs le savent. »
Qui sait, si ça se trouve, ils se connaissent...

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Pour aller plus loin dans la réflexion sur le(s) populisme(s) :
L'émission Samedi + (Martine Cornil) du 15/12/2012 - Silvio Berlusconi, le retour


dimanche 23 décembre 2012

Combat de riches...



C’est la question qui semblait tarauder son administrateur général Jean-Paul Philippot, dans un article paru le 7 novembre dernier dans Le Soir, annonçant dans la foulée que la vente des bâtiments Reyers était envisagée comme piste de financement alternatif:
« Les responsables de la RTBF et de la Fédération Wallonie-Bruxelles examinent la piste du « sale and leaseback », cette technique financière qui consiste pour une société à vendre ses actifs à une entreprise spécialisée qui va ensuite lui louer ceux-ci pour une durée déterminée. L’avantage? Un gain en capital immédiat.» 

« Ce que je ne veux pas pour la RTBF, c’est un plan social », insistait à son tour la ministre de tutelle, Fadila Laanan, vendredi soir, après l'adoption par le conseil d'administration du nouveau contrat de gestion 2013-2017. Et d'ajouter que la vente du patrimoine devrait, par ailleurs, amener "un peu de souffle" à l'entreprise...

Admirable convergence des points de vue !


Dans une interview devant le sapin de Noël , la Ministre le rappelait : « Nous sommes dans une situation sociale qui est difficile, mais les solutions envisagées permettront à la RTBF  d’être dans un contrat de gestion ambitieux mais réaliste ... et qui permettra même de rêver à des projets nouveaux » (si si).

Pas de licenciements secs...

On ne licencie pas, on se contente "juste" de ne pas remplacer le départ à la retraite d'un sexagénaire sur trois, soit une cinquantaine de personnes. Certes, mais on peut tourner la chose comme on veut, diminuer sans remplacer revient, au bout du compte, à augmenter la charge de travail de ceux qui restent...
Est-ce cela, « éviter un plan social » ?

Et qu'en est-il des pigistes, dont rien, absolument rien ne garantit l'avenir au sein de l'entreprise ? A quelle sauce seront-ils mangés ?

Ce lundi 17 décembre, nous avons publié ici même, une lettre anonyme de l'un d'entre eux. En quelques jours, cette lettre a été lue par plus de cinq mille internautes et a suscité de nombreux commentaires. Bien sûr, on pourra toujours arguer du fait que ces témoignages, puisqu'ils sont anonymes, ne prouvent pas grand chose, pour ne pas dire rien, et qu'ils émanent sans doute de gens mal dans leur peau, de passéistes ou de revanchards qui ont de vieux comptes à régler avec la Grande Maison où ils n'ont pas su trouver leur place... Argumentation classique pour balayer d'un revers de la main toutes les critiques, d'évacuer tous les sujets qui fâchent.
En tant qu'auditeurs et téléspectateurs attentifs et attachés à la notion de service public et donc, amenés à faire part de nos critiques, nous avons pu "apprécier" par nous-mêmes ces visions caricaturales et réductrices qui faisaient de nous des "cybernostalgiques" aigris, des éternels râleurs incapables de vivre avec notre temps. On s'y fait, à ces sobriquets et à cette morgue qui coupe court à tout dialogue, ou bien on passe à autre chose, de guerre lasse... Mais de l'intérieur, comment vit-on cela ?

Anonyme, critiquable, subjective... Peut-être, mais cette "bouteille à la mer" et les commentaires qu'elle a suscités, renforcent le sentiment que l'on a, de l'extérieur, sur les choix de programmation et sur cette lente descente vers le formatage des émissions, entamée depuis longtemps déjà mais qui est, depuis quelques années, passée dans une phase d'accélération spectaculaire autant qu'inquiétante !

Aux constats affligeants et affligés sur les préférences, tantôt farouchement niées, tantôt décomplexées, pour « l'infotainment » et la télévision (surtout la télévision) « de divertissement passif », s'ajoutent bien des questions sur la gestion même de l'entreprise publique autonome à caractère culturel qu'est la RTBF (sans oublier ses filiales : RMB, Casa Kafka, DreamWall, Keywall, Sonuma, Feri et Frey).



La gestion des ressources humaines, notamment, a de quoi laisser pantois... La souffrance est palpable, entre besoin de parler et peur de le faire autrement que sous couvert de l'anonymat. Peu crédible ? La vitesse à laquelle l'article s'est propagé, via les réseaux sociaux, tendrait à prouver plutôt que cette lettre "parle vrai" et que ce qu'on y décrit ne peut plus être tu. Les statuts de pigistes se multiplient, deviennent la règle, permettent de pouvoir compter sur un personnel docile qui jamais ne cherchera à sortir du cadre qu'on lui a déterminé. D'autres sont ballotés d'un rôle à un autre, d'un tiroir à un autre tiroir, placardisés, réduits à exécuter des programmes clé sur porte conçus par des sociétés privées...

Dans le même temps, nous dit un autre de ces anonymes, « vous subissez les effets de la gestion de l'armée pléthorique des dirigeants mise en place par Jean-Paul Philippot. Ils donnent l'impression de fonctionner comme s'ils étaient chez Belgacom, Axa ou Procter & Gamble, au point que de nouvelles dispositions vous semblent complètement déconnectées du quotidien de la petite minorité de personnes qui produisent toujours des programmes. Beaucoup de ces directeurs qui vivent en vase clos pratiquent le mépris, qu'on doit sans doute enseigner dans les hautes écoles de gestion. On dirait qu'ils gèrent plus leur prochain rebondissement vers une autre société que leur domaine actuel. »

A la lueur de ce qui se profile à l'horizon, tout cela fait sens, bien évidemment ! Et il y a de quoi s'inquiéter grandement de l'avenir de la RTBF, lorsqu'on entend parler de « trouver de l'argent frais » ou de « réaliser des actifs » ... En y allant de la vente de ses bâtiments en « sale and leaseback », le risque est grand que la RTBF n'ouvre la voie à un démantèlement programmé, comme ceux qu'on a déjà connus par le passé pour des entreprises publiques devenues, méthodiquement et par étapes successives, des sociétés privées.
«La vente du patrimoine, par ailleurs, devra amener un peu de souffle à l'entreprise », nous dit Fadila Laanan. C'est un oxymore ?
Quand bien même cela apporterait un peu de souffle (= liquidités), c'est évidemment la façon dont ce "capital" sera utilisé qui importe, dans quoi il sera investi...Si c'est pour améliorer le sort des travailleurs, auquel semblent tellement tenir Jean-Paul Philippot et Fadila Laanan, très bien... Mais compte tenu des témoignages qui continuent de nous arriver, cette perspective paraît peu probable.

« Le groupe audiovisuel public va recevoir 1,5 million d’euros » nous dit-on ici. Le « groupe », c'est très différent de « la RTBF »... et il y a, dès lors, toutes les chances pour que ce million et demi d'euros échoue dans la poche de cadres de la RTBF... sinon de l'une de ses filiales.

Mais on les entend hurler d'ici au procès d'intention ! Ah, les choses seraient tellement plus simples (saines) si les citoyens, parce qu'ils contribuent au financement de la RTBF à hauteur de 70%, avaient un droit de regard sur les comptes de l'entreprise... Des comptes détaillés, car des bilans, ça ne signifie pas grand chose. Que coûtent les heures d'antenne consacrées au Football ou à la Formule 1 et à leurs envoyés spéciaux ? Combien coûte l'émission The Voice et combien rapporte-t-elle ? Combien a coûté la construction des studios Media Rives ? Que représente la masse salariale des travailleurs et combien représente celle des directeurs ? Y a-t-il des primes à l'audimat ?
Histoire, le cas échant, de faire taire les mauvaises langues, et d'être en mesure d'apprécier si, oui ou non, les choix des ingénieurs commerciaux aux commandes de la RTBF sont compatibles avec le statut d'entreprise publique autonome à caractère culturel qui lui correspond... ou s'il ne s'agit pas plutôt d'invoquer, la main sur le coeur, le sort des travailleurs, tout en lorgnant cyniquement sur le « retour sur investissements » dont les mêmes, toujours les mêmes, bénéficient au bout du compte. Jusqu'au jour où, à tant tirer sur la corde...

Mais n'anticipons pas, car voilà qu'entretemps, le contrat de gestion a été signé vendredi soir, et des échos qui nous reviennent, globalement positifs... Un certain nombre de suggestions auraient été entendus (suppression des coupures publicitaires et du placement de produits, médiation,...).
Tout en nous réjouissant, si tel est le cas, il nous est difficile à ce stade, et tant que nous n'aurons pas vu la couleur de ce contrat, de chanter victoire uniquement sur la base d'articles, d'interviews ou de déclarations qui ne sont jamais, après tout, que des exercices pratiques de communication bien rôdés.

Et quand bien même il y aurait vraiment de quoi se réjouir, il serait illusoire de penser que par la magie d'un contrat de gestion, les professionnels de la RTBF, journalistes, réalisateurs, producteurs, cadreurs, techniciens du son, scriptes, statutaires ou pigistes... puissent concrétiser valablement les missions du service public sans une profonde remise en question de la part de la direction sur ses méthodes de management à coup de « La situation est difficile, accrochez-vous, car seuls les plus forts résisteront aux changements. Ceux qui sont trop faibles tomberont en chemin. »


Trouver de l'argent pour combler les mauvais choix - peut-être même la gabegie - de ceux d'en haut, tout en faisant croire que c'est pour soulager ceux d'en bas et en les dressant les uns contre les autres au quotidien...

Combat de riches !

Nous n'y souscrivons pas.

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lundi 17 décembre 2012

Bouteille à la mer d'un pigiste anonyme de la RTBF



Nous relayons ici 
un message de Christine Bika, 

qui nous a transmis cette lettre, 

témoignage anonyme d'un travailleur, pigiste à la RTBF.


Ce type de témoignage inquiétant, nous l'avons déjà reçu auparavant sans pouvoir le relayer, faute d'accord des personnes concernées.

Vous ne lirez pas ceci dans la presse, et moins encore à la RTBF:

 «  A vous tous, je relaie cette "bouteille à la mer" de quelqu'un qui n'ose plus s'exprimer dans un de nos services publics, la RTBf.

Il y a un peu plus de vingt ans, lors de l'introduction de la publicité à la RTBf, je me suis fendue d'une longue lettre à son C.A, lequel ne m'a jamais répondu. En revanche, ma lettre a fait le tour des rédactions et j'ai reçu, des mois durant, des réponses de personnes qui, à l'époque, étaient des personnes de référence dans les domaines de la radio... . Je pensais qu'on introduisait le ver dans le fruit. Que c'était dangereux... je crains ne pas m'étre trompée. Lorsque je lis le témoignage qui me parvient, via une source sûre, mais anonyme, ci-dessous, je suis encore plus soucieuse.
Si j'étais administratrice de la RTBf, je m'inquièterais vraiment de l'état du personnel.

Alors je vous adresse ce témoignage.
  • Soit vous êtes politique, en charge d'un service -encore un peu- public et vous devez réagir. 
  • Soit vous êtes militant, actif, et vous devez relayer ceci sur les réseaux. 
  • Soit vous êtes journaliste et vous parlez quelquefois de la RTBf.
Cette bouteille à la mer est trop inquiétante pour être ignorée. Vous n'êtes peut-être pas d'accord avec le tout à la concurrence, tout à la publicité ... parlez-en! Faites le buzz!

Je ne connais pas l'auteur de la lettre. Il est significatif qu'un journaliste ( NDLR: ou un technicien ?) sans stabilité d'emploi craigne de s'exprimer. Dans les autres services publics, le "statut" est la norme habituelle. Pourquoi pas à la RTBf? Avons-nous peur d'avoir des journalistes indépendants?

Merci de diffuser, 

Christine BIKA »



Bouteille à la mer d'un pigiste anonyme de la RTBF


« La télévision, d'Etat ou pas, c'est quand Lubitsch, Mozart, René Char, Reiser, ou n'’importe quoi d'autre qu'on puisse soupçonner d'intelligence, sont reportés à la minuit pour que la majorité puisse s'émerveiller dès 20 heures 30, en rotant son fromage du soir, sur le spectacle irréel d'un béat trentenaire figé dans un sourire définitif de figue éclatée, et offrant des automobiles clé en main à des pauvresses arthritiques sans défense et dépourvues de permis de conduire. »  ( Desproges )



Mesdames, Messieurs,


Cette lettre s'adresse à toute personne qui de près ou de loin participe à l'élaboration du nouveau contrat de gestion de la RTBF, en cette fin d'année 2012.

Je travaille au sein de cette grande maison depuis XX années, sans avoir la chance pour autant de bénéficier d'un contrat.

Je pourrais m'adresser à vous pour défendre le choix de programmes davantage éducatifs et culturels que ceux auxquels la RTBF donne la priorité depuis quelques années. Je pourrais déplorer le fait que les programmes privilégiés fassent large place au placement de produits, là où la mission première qu'induit la notion de service public devrait plutôt oeuvrer au développement de l'esprit critique des citoyens.

Il s'agit néanmoins de choix idéologiques. Aussi, je ne tenterai point de vous influencer sur base des hypothétiques conséquences futures de ces choix. Je préfère attirer votre attention sur leurs répercussions bien réelles et déjà palpables au sein du personnel de la RTBF. C'est au sujet de la souffrance générée par ces choix que je vous écris.

Il est loin, le temps où, à la question de savoir combien de personnes travaillent à la RTBF, on pouvait répondre, sous forme d'une demi-boutade, « la moitié ». La grande majorité des personnes qui travaillent au sein de cette institution y sont entrés par amour des métiers de l'audio-visuel, et souvent aussi dans l'idée de participer, en faisant circuler une information de qualité, à la construction d'une société plus juste et plus humaine... « Une certaine idée du métier » que la récente politique de gestion de la RTBF met à mal au détriment du public, bien sûr, mais aussi de la santé mentale de ceux et celles qui, lorsqu'ils ont choisi ce cadre professionnel, n'avaient pas imaginé devenir un jour des marchands de tapis (que les vendeurs de moquette et autres carpettes ne se sentent pas visés par cette expression).

Je ne suis pas médecin du travail, mais mon emploi du temps m'amène à rencontrer très régulièrement quantité de journalistes, réalisateurs, cadreurs, techniciens du son et scriptes que la politique de gestion actuelle de la RTBF rend malades (au sens propre du terme). Au-delà des choix de fonds concernant les thématiques et contenus des émissions, la stratégie globale de gestion des ressources (humaines ou matérielles) génère de nombreuses souffrances. Il y a 2 ans, le discours de nouvel an d'un haut responsable de la RTBF, tenu dans un de ses centres régionaux, annonçait la couleur en ces mots : « La situation est difficile, accrochez-vous, car seuls les plus forts résisteront aux changements. Ceux qui sont trop faibles tomberont en chemin. » Dans ce contexte où l'on devrait pouvoir compter sur davantage de synergies, « diviser pour régner » semble la règle : les émissions de la RTBF et les personnes qui oeuvrent pour celle-ci se considèrent davantage comme des concurrents que comme des alliés. Le personnel s'interroge sur ce qui a poussé ses dirigeants à détricoter avec tant de volonté ce qui faisait jusqu'il y a quelques années le succès de la RTBF: tous ces rendez-vous avec le public, ces émissions qualitatives qui ont soit déjà été supprimées, soit se trouvent continuellement menacées par la dictature de l'audimat. Aujourd'hui, le mot d'ordre est de privilégier « l'infotainment » (c'est Tron qui le dit, beaucoup se demandent où se trouve la tête), entendez une approche légère de l'actualité, davantage axée sur le sensationnalisme, les faits divers, les « peoples », et la consommation.

Mais si ce personnel souffre, pourquoi ne dit-il rien ? Parce qu'il n'ose pas. Il n'est pas rare que ceux qui ne sont pas d'accord avec cette politique soient « mis au placard ». Il est plus facilement admis, au sein de la maison, qu'une présentatrice de JT joue les femmes-sandwiches pour des marques de strass sur des plages exotiques, plutôt qu'un journaliste ose critiquer la politique de gestion interne. C'est d'autant plus vrai qu'un nombre important de journalistes et autres travailleurs de la RTBF sont désormais cantonnés au statut de pigiste longue durée. Quand votre employeur principal veille bien soigneusement à respecter des interruptions de travail entre deux petits contrats, quelle liberté de parole peut-on espérer de votre part ? Que dire aussi du fait qu'aujourd'hui, de nombreuses émissions sous-traitent toujours plus de projets auprès de sociétés de production privées, alors que l'on reproche au personnel de certains centres régionaux de la RTBF d'être trop inactif ? Il se raconte que certaines personnes bien placées à la RTBF possèdent des intérêts dans ces sociétés privées. Mais sans doute ces conflits d'intérêt ne sont-ils que des rumeurs malveillantes soufflées par quelques esprits jaloux. Ce qui me pousse à vous écrire ceci aujourd'hui, ce n'est pas la jalousie : si on le laisse faire, qui ne voudrait pas aujourd'hui mettre sa famille à l'abri de la crise ?

Non, ce qui m'a décidé à vous confier ceci, c'est ma crainte que parmi les personnes travaillant pour la RTBF qui sont en souffrance psychique, certains ne se contentent plus, à l'avenir, de s'abrutir d'anxiolytiques, pour supporter cette ambiance de travail. Je suis solidaire de tous ces gens qui souffrent de ne plus pouvoir exercer avec fierté le métier qu'ils ont choisi. Je vous prie de m'excuser de maintenir l'anonymat autour de ma personne. Si je n'avais pas de famille à charge, j'aurais le courage de parler à visage découvert.

Permettez-moi toutefois de vous faire savoir, en guise de conclusion, que mes propos n'émanent que de moi, et d'aucun groupe, aucune association, aucun parti politique. A ce sujet, je paraphraserai Pierre Desproges pour vous assurer qu' «A part la droite, il n'y a rien au monde que je méprise autant que la gauche.»

J'espère que vous pourrez un tant soit peu tenir compte de ces quelques lignes au moment de vérifier que celles du nouveau contrat de gestion de la RTBF sont bien écrites dans l'intérêt des citoyens de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Avec mes sentiments les plus respectueux,

Un pigiste déjà trop pigeon

Article lié : Combat de riches

Article à suivre sur le site d'Apache : Derrière les projecteurs de la RTBF, la réalité et le malaise du service public (1)

dimanche 16 décembre 2012

Lettre de la FACIR à propos du Contrat de Gestion de la RTBF

Le FACIR (Fédération des Auteurs, Compositeurs et Interprètes Réunis) a écrit aux Ministres de la Fédération Wallonie-Bruxelles à propos du Contrat de Gestion de la RTBF.

Nous partageons ce document.


Monsieur le Ministre Président Rudy Demotte,
Mesdames et Messieurs les Ministres Fadila Laanan, Jean-Marc Nollet,
Jean-Claude Marcourt, Evelyne Huytebroeck, Marie-Dominique Simonet et André Antoine.


Bruxelles, le 12 décembre 2012,

Le FACIR rassemble l’ensemble des musiciens de la Fédération, tous styles confondus.
Nous sommes les auteurs d’une pétition (2250 signataires à ce jour) manifestant notre refus des coupes budgétaires dans notre secteur.
Et surtout, nous revendiquons la visibilité, et la revalorisation des musiciens-artistes-interprète issus de la FWB.

En tant que citoyens, et musiciens professionnels, nous déplorons l’opacité dans laquelle se négocie le nouveau contrat de gestion de la RTBF pour les 5 années à venir.
Ceci sans concertation avec le contribuable, qui pourtant participera à hauteur de 210.000.000 euros annuellement.
Nous pensons que lors de la rédaction d’un document aussi important  -  un  véritable choix de politique culturelle -, les musiciens-artistes-interprète doivent être consultés.

Sur base de l’ancien contrat de gestion, nous avons relevé 3 points essentiels qui doivent être développés afin que la RTBF remplisse pleinement son rôle de service public:
Donner accès à la culture et à la création (autant qu’au divertissement), attiser la curiosité du public, et promouvoir les richesses culturelles et les artistes de la FWB.


LES PROPOSITIONS DU FACIR:

1) Le FACIR demande la réintroduction à la télévision d’un agenda culturel qui reflète la diversité de la création en FWB (exemple du défunt “Javas”). L’émission doit  passer aux heures de grande écoute, et doit être rediffusée, pour toucher le plus large public possible, et remplir ainsi sa mission de promotion de la culture en FWB. Le cahier des charges doit être clair en matière de diversité: des rubriques détaillées sur le théâtre, la danse, la peinture, le cinema, la sculpture et les arts plastiques, les différents styles musicaux (pop-rock, Jazz, world, chanson, classique…).

2) Les radios de la  RTBF réservent actuellement un quota de 10 % pour les productions des artistes de la FWB, alors que les radios nationales en France dédient 60%, et en Flandre 25%, à leurs artistes. Le paysage audiovisuel belge est envahi de productions internationales, tandis que les productions nationales suffoquent par manque de visibilité.
Le FACIR demande une augmentation de “minimum” 2,5% par an du quota d’artistes de la FWB sur les ondes radio de la RTBF (actuellement de 10%), et ce sur une période de 5 ans (pour arriver à 22,5 % en 2017).
Pour in fine arriver à 25 % dans le prochain contrat de gestion, et s’aligner sur les quotas actuels de la VRT.

Pour être efficaces, ces quotas doivent s’accompagner de quotas valorisant:
*) les nouvelles productions (un délai de 1 an à compter de la date de première diffusion)
*) les nouveaux talents (le premier enregistrement)
Ces différents quotas doivent être également être assortis à des critères de créneaux horaires.

3) Le FACIR demande de redonner l’autonomie de la programmation musicale à chaque animateur ou cellule  de production. La concentration actuelle de la programmation d’une chaine sur un seul programmateur, et la diffusion répétée de quelques valeurs ‘sûres’ et superstars internationales, sont contraires à la mission de diversité d’un service public.
Nous demandons également 2 émissions hebdomadaires (avec programmateurs différents) par genre pour garantir la diversité musicale en FWB.
L’ensemble du bouquet de la RTBF doit assurer ainsi une visibilité pour des genres aussi variés que le rock, la pop, l’électro, le jazz, la world, la soul, le Rap, la chanson,…

D’une manière générale, il est essentiel de rédiger un cahier des charges précis dans le contrat de gestion.
La rédaction actuelle comporte beaucoup de zones floues, laissant à la RTBF une libre interprétation des textes.

Exemple: le texte de 2007 propose le maintient d’une émission « de variété, en télévision, destiné au grand public, à une heure de grande écoute, mettant en valeur, notamment les auteurs-compositeurs, les artistes interprètes et les producteurs de la Communauté française ».

Le FACIR demande de chiffrer la présence souhaitée d’artistes de la FWB (au moins 50%), ou remplacer le mot notamment  par majoritairement. Cela lèvera toute ambiguïté, et évitera de voir la participation des artistes belges réduites à une peau de chagrin.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Minsitre-Président, Mesdames et Messieurs les Ministres, nos meilleurs salutations.

Pour le FACIR,

Claude Semal, Toine Thys, Maxime Blésin, Michel Debrulle, Thomas Turine, Pierre Jacqmin, Julie Jaroszewski, Philippe Tasquin, Clément Nourry

Source : http://www.facir.be/Facir/Actualite_files/Lettre%20du%20FACIR%2012-12-12.pdf
Découvrez également leur site : www.facir.be

mardi 2 octobre 2012

RTBF : (ré)agir maintenant (pour 5 ans) !

Jacques Liesenborghs, ancien sénateur, ancien vice-président de la RTBF, s'exprime sur l'élaboration du Contrat de Gestion de la RTBF, actuellement en phase finale d'écriture.

Il nous reste quelques jours !

C’est dans les prochaines semaines (juste après les élections communales) que se finalisera le contrat de gestion qui lie la RTBF et la Fédération Wallonie-Bruxelles. C’est au niveau du « kern » que cela va se décider. Et on sera reparti pour cinq ans !

Est-ce que nous allons accepter un contrat qui laisse la RTBF (service public ?) libre pendant cinq ans de continuer à investir massivement et prioritairement dans les divertissements en tous genres et dans les sports ?

Est-ce que nous allons accepter que, au long des cinq prochaines années, ce soient des émissions du genre « On n’est pas rentré », « The voice », Grands prix de Formule1, qui constituent les émissions phares et les mieux promues des chaines « publiques » ?

Est-ce que nous allons accepter que, chaque semaine, l’émission magazine la plus longue « analyse » pendant deux heures les moindres faits et gestes, déclarations, rumeurs, états d’âme… des « vedettes » de notre si relevé championnat de football, la Jupiler Pro League ? Pendant cinq ans encore ?

Est-ce que nous allons accepter que, durant la même période, aucun magazine régulier ne soit consacré à des questions aussi cruciales que les relations Nord-Sud ou l’éducation ?

Est-ce que nous pouvons tolérer que le directeur de la télévision de service public (?) écrive : « Toutes les expériences télévisuelles montrent que coller une étiquette ‘culture’ ou ‘éducation’ sur un programme provoque irrémédiablement une fuite du public ». Ce Monsieur Tron est français et il est contredit chaque jour par les chaines publiques françaises ! Ses diktats feront-ils encore la loi pendant cinq ans ?

Est-ce que nous pouvons continuer à supporter, pendant cinq ans, que la « faitdiversification » envahisse les plages d’information des radios et des télévisions ? Que la surenchère et l’emballement médiatique contaminent les esprits, comme ce fut encore le cas récemment avec l’affaire Martin ? Où est la différence avec le privé ?

Est-ce que nous allons rester passifs et béats d’admiration devant le spectacle de la glorification/sanctification des Philippe Gilbert et autres sportifs-déserteurs fiscaux qui jouissent de plages sans mesure sur les chaines « publiques », mais refusent la solidarité et la contribution au pot commun ?

Est-ce que nous allons encore supporter sans broncher, pendant cinq années importantes, les empoignades « politiques » du dimanche où le grand art consiste à ne pas écouter l’autre, à bien placer sa petite phrase assassine et à confirmer que seuls les tueurs ont leur place dans cette arène ?

Est-ce que nous allons continuer à accepter que la RTBF (service public ?) range dans le rayon « éducation permanente » des magazines comme « C’est du belge », « On n’est pas pigeons » ou des talk show plus légers les uns que les autres ?

Et qu’elle prétende remplir ses obligations en la matière : « L’analyse critique de la société, la stimulation d’initiatives démocratiques et collectives, le développement de la citoyenneté active et l’exercice des droits sociaux, culturels, environnementaux et économiques dans une perspective d’émancipation individuelle et collective des publics…. ».

Il ne nous reste que quelques jours pour dire haut et fort notre refus de voir le service public contribuer à décerveler les citoyens en leur offrant plus que tout du « pain et des jeux » aux heures de grande écoute.
Pour dire que nous voulons des magazines réguliers en « premier rideau », en radio et en télévision, sur des questions cruciales comme l’éducation et les rapports Nord-Sud.

Pour réclamer une information moins spectaculaire et plus en profondeur.
Pour exiger que le service public sorte de la course à l’audience et privilégie une approche citoyenne et non marchande.

Le dire, l’écrire et le répéter à nos ministres et à leurs proches collaborateurs, puisque dans les jours qui viennent c’est eux qui vont décider de l’avenir de l’audiovisuel de service public.

Pour le meilleur et pour le pire. Et pour cinq ans !

Source : http://blogs.politique.eu.org/RTBF-re-agir-maintenant-pour-5-ans

vendredi 14 septembre 2012

La RTBF, un service (non rendu au) public ?

Comme chaque année, à la rentrée, la RTBF fait le ménage dans ses émissions.
Depuis quelques jours elle nous propose une grille plus "branchée".

Les membres du mouvement sociopédagogique ChanGements pour l’égalité (CGé) déplorent la disparition de plusieurs émissions et particulièrement celle de « tout autre chose » (sur la Première), émission de société qui prenait le temps de déplier des questions sensibles avec tact et nuance.
Cette disparition nous interpelle d’autant plus que nous y avons plusieurs fois collaboré. Les émissions ciblant les questions d’enseignement étaient relayées sur notre site et prolongeaient les réflexions bien au-delà du direct.

Mais cet incident n’est à nos yeux que la pointe de l’iceberg. Il montre à quel point la RTBF ne comprend pas la notion d’Éducation Permanente dans le sens du décret du même nom : « l’analyse critique de la société, la stimulation d’initiatives démocratiques et collectives, le développement de la citoyenneté active et l’exercice des droits sociaux, culturels, environnementaux et économiques dans une perspective d’émancipation individuelle et collective des publics en privilégiant la participation active des publics visés et l’expression culturelle ». Cette mission fait partie du contrat de gestion de la RTBF, mais quelles sont les émissions qui y répondent réellement ? Il y en avait au moins une.

L’audimat ou « c’est ce que le public veut... » seraient la raison de cette révision à la baisse des missions de la RTBF.
Bien, mais alors en quoi est-ce encore un service public si on offre au public ce qu’il plébiscite pour capter un maximum d’auditeurs afin de vendre ses publicités le plus cher possible. Cette logique économique ressort du privé et non d’un service public !

Nous savons que cette « grande maison » ne manque pas de ressources et que bien des membres du personnel seraient demandeurs de pouvoir agir, proposer des émissions qui aillent dans le sens d’une réelle Éducation Permanente en s’appuyant sur tout ce que l’associatif peut dire ou produire.
Il s’agit avant tout d’outiller les citoyens pour qu’ils puissent se construire une réflexion personnelle leur permettant de sortir de l’émotionnel pur.
La libération de Michèle Martin a bien montré à quel point c’est nécessaire.

Pour que la RTBF reste un bien commun, au service de la collectivité (et non de chaque auditeur, téléspectateur ou internaute), nous exigeons que ces missions d’Éducation Permanente fassent partie de manière intégrante, explicite et évaluable du nouveau contrat de gestion. Sans quoi, il nous paraîtra légitime de revendiquer que les dotations de ce service (non rendu au) public soient attribuées à des médias qui remplissent effectivement ces missions.

Pour ChanGements pour l’égalité, Anne Chevalier, Secrétaire Générale

Source : 
http://www.changement-egalite.be/spip.php?article2428


CGé, mouvement d’éducation permanente

ChanGements pour l’égalité est un mouvement sociopédagogique reconnu et soutenu par l’Éducation permanente depuis plus de trente ans.
En 2007, CGé a obtenu la reconnaissance dans le cadre du Décret Éducation permanente de 2003.
Dans le contrat-programme qui nous lie à la Communauté française, nous sommes engagés
- pour l’axe 1, à développer au moins trois thématiques d’action à raison de minimum 320 heures et à développer au moins trois activités « grand public » annuelles
- pour l’axe 3.2, à produire au moins 30 analyses et 2 études par an en assurant leur publicité.

mercredi 5 septembre 2012

De l’immédiat à l’eMédias, quel avenir pour les médias d’information ?


Mercredi 12 septembre, Bruxelles 
Conférence


La révolution numérique entraine les médias d’information dans une course effrénée où l’immédiateté peut l’emporter facilement su
r la qualité. Ce contre-la-montre a un impact sur le rôle des médias dans notre société. Otages ou acteurs des évolutions technologiques, qu’en est-il de leur avenir et de leur survie dans le nouveau modèle économique ? Quel rôle devra-être joué par les pouvoirs publics ?

Conférence publique. Panel d’experts + conclusions (1h – 1h de débat).

Conférence publique.
Panel d’experts + conclusions (1h – 1h de débat).
Seront présents :

- Didier DE JAEGER – Emakina (sous réserve)
- Jean-Jacques JESPERS – ULB
- Marc SINNAEVE - IHECS
- Damien VAN ACHTER – OWNI.fr et www.davanac.me
Conclusions d’Isabelle MEERHAEGHE – députée régionale et communautaire.


Aspects pratiques
Date : 12 septembre, 19h30
Lieu : Bruxelles, ULB, Salle H1308, Campus du Solbosch
Personne de contact : Manon Letouche
Organisateur(s) : REP.

mardi 5 juin 2012

Contrat de Gestion RTBF 2013 - 2017

Dans le cadre de l'élaboration du prochain Contrat de Gestion de la RTBF, nous avions demandé à être auditionnés par les parlementaires de la Commission de la Culture, de l'Audiovisuel, de l'Aide à la presse, du Cinéma, de la Santé et de l'Egalité des chances du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Cette demande faisait suite à divers encouragements, tant de la part de personnalités politiques que du milieu associatif et citoyen.



Il nous a été répondu que le planning des auditions dans le cadre de ces travaux était particulièrement serré et que nous ne pourrions être auditionnés.

Par contre, nous avons été sollicités pour apporter une contribution écrite à la Commission.

Voici le contenu de ce cahier d'observations et recommandations. Il ne se veut pas exhaustif mais reprend les thèmes qui nous ont le plus interpellés ces derniers mois.

Bonne lecture.

 

Contrat de Gestion de la RTBF - 2013-2017


Commission de la Culture, de l'Audiovisuel, de l'Aide à la presse, du Cinéma, de la Santé et de l'Egalité des chances,
Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles,


Mesdames, Messieurs,
Nous vous remercions pour votre invitation.

Le collectif « RTBF89 », qui regroupe des téléspectateurs et auditeurs de la RTBF attentifs et soucieux de la spécificité du service public, s’est constitué il y a environ un an et demi, à la faveur de l’émergence des réseaux sociaux. Il regroupe à ce jour plus de 300 membres sur sa page Facebook.

Des discussions presque quotidiennes sur les programmes de la RTBF, la manière de les traiter, tant sur la forme que sur le fond, les missions du service public et son évolution au fil du temps, nous ont amenés à faire des constats qui, bien souvent, rejoignent ceux que l’on peut lire, tantôt de la part d’observateurs extérieurs des médias, tantôt  d’anciens de la profession dont la parole s’est libérée, et qui nous confortent dans notre analyse.

Le premier constat qui s’impose, celui dont on pourrait dire qu’il est « plébiscité » à mauvais escient, est celui de la présence de la publicité, de plus en plus ressentie comme une nuisance et une agression. Pour certains même, un repoussoir envers le produit vanté.

  • RTBF89 a cosigné avec le Conseil de la Jeunesse et d’autres associations, un projet de « mercredis sans publicité » développant les raisons de cette proposition et suggérant des pistes de financement alternatif. Il n’en est donc fait mention ici que pour mémoire, mais aussi pour souligner à quel point cette présence publicitaire a modifié le paysage médiatique, dans le sens d’une perte indéniable en termes de qualité.

    Le passage progressif au placement de produits, s’il paraît moins intrusif, ne nous rassure pas davantage : nous souhaitons à cet égard que la Fédération Wallonie-Bruxelles fasse preuve d’une plus grande cohérence au sein même de son Institution et par rapport aux objectifs qu’elle poursuit. Comment, en effet, justifier et crédibiliser telle démarche visant à interdire les boissons sucrées dans les écoles quand, par ailleurs, une émission destinée à un jeune public est précisément sponsorisée par la plus célèbre de ces boissons, continuellement visible dans l’un ou l’autre coin de l’écran ?


    De là à conclure que l’école est définitivement le lieu de la frustration et des interdits et la télévision celui où tout est permis, sinon encouragé, il n’y a qu’un pas que le jeune public ne manquera pas de franchir.


    On le voit, cette question ne concerne pas les seuls professionnels des médias et ne commence ni ne s’arrête avec la négociation du Contrat de Gestion. Nous invitons nos représentants à se pencher sur le « problème » (car c’en est un) de la publicité, non pas en termes de manne providentielle pour gonfler la dotation de la RTBF, mais en termes de société et de valeurs que les missions du service public sont supposées défendre, Contrat de Gestion à l’appui.

  • RTBF89 s’est penché sur le contenu et la formulation du Contrat de Gestion 2007-2012. Nous avons été frappés de la répétition de la formule : « dans la mesure du possible » qui revient pas moins de 14 fois sur un total de 42 pages aérées, et le plus souvent dans le corps principal d’un article, rarement dans les alinéas. Nous nous interrogeons sur la crédibilité et le poids que peut avoir un contrat dès l’instant que ses objectifs sont constamment  édulcorés, sinon annihilés par une formule qui transforme un document de référence, censé définir un cadre et des buts vers lesquels tendre, en un catalogue de bonnes intentions.

    Nous demandons par conséquent que soit supprimée la formule « dans la mesure du possible » du prochain Contrat de Gestion
    et que celui-ci comporte désormais des engagements précis et mesurables.

  • RTBF89 déplore le manque de visibilité systématique des émissions de médiation : en télévision, l’an dernier, c’était un jour de semaine à 15 heures ; actuellement, c’est le vendredi à 22h50. Nous ignorons quel jour et à quelle heure l’émission consacrée à la médiation en radio est diffusée (comme le prévoit l’Art. 24 du Contrat de Gestion : « La RTBF, tant en radio qu’en télévision… »).  Nous demandons des horaires de diffusion conformes aux buts recherchés par une émission de médiation à savoir, d’aller à la rencontre du public et être à son écoute, et non de donner l’impression d’éviter de croiser son regard et surtout, son jugement. Le choix du direct paraît également naturel à ce type d’émission, ce qui n’est pas le cas de la formule actuelle qui ne permet en rien de se faire une idée réelle des aspirations ou des sujets de mécontentements du public, étrangement absent du décor ou trié sur le volet. Nous avons remarqué que certains intervenants présentés comme de simples téléspectateurs étaient stagiaires à la RTBF.

    Par ailleurs, RTBF89 se prononce en faveur de l'externalisation du service de médiation afin qu'il ne s'apparente pas à la seule fonction de porte-parole des décisions prises en son sein mais soit un réel outil de dialogue entre la RTBF et ses auditeurs/téléspectateurs, où la voix de chacune des parties en présence serait également prise en considération.  La situation actuelle n'arrive pas à ce nécessaire équilibre, tant dans les émissions télévisées que dans les réponses aux plaintes par courrier.
  • RTBF89 souhaite également attirer l’attention sur le baromètre de la représentativité de différentes catégories de la société dans l’ensemble des émissions diffusées par les télévisions locales, RTL-TVI et RTBF, publié par le CSA (28 mars 2012). Il montre :
    • Une sous-représentation des femmes (33,50 %) ;
    • Une sous-représentation des intervenants identifiés comme non-blancs (13,96 %) ;
    • Une prépondérance des catégories socio-professionnelles supérieures (46,99 % !), montrées dans des fonctions prestigieuses ;
    • Une sous-représentation des catégories socio-professionnelles moyennes ou faibles, ces dernières accompagnées d’une image peu valorisante ;
    • Place des handicapés hors actions de bienfaisance : 0,30% (!)
    Dans son préambule, le Contrat de Gestion précise que « la RTBF s’adresse à l’ensemble du public de la Fédération Wallonie-Bruxelles ». Il paraîtrait naturel qu’elle le fasse de manière à être effectivement le reflet de notre société actuelle et non pour plaire notamment à ses annonceurs qui se reconnaissent dans les 46% du temps consacré aux classes sociales supérieures.

  • D’un point de vue plus global, RTBF89 déplore la montée en puissance, à la RTBF, de la conception d’une télévision « de divertissement passif », lorgnant dangereusement sur la concurrence privée. Dangereusement, parce que le public à la recherche de divertissement passif préfère toujours l’original à la copie, tandis que ceux qui attendent du service public qu’il fasse « du service public » se fatiguent et, de guerre lasse, finissent par s'en détourner au profit de la concurrence ou simplement d'une autre activité (*).

    Sur le plan du traitement de l’information, l’explosion de l’internet et des réseaux sociaux doivent pousser les médias traditionnels à se remettre en question.

    En mars 2011, lors des grands changements de décors et d’horaires des infos en télévision, les téléspectateurs avaient majoritairement émis le souhait (Emission Mediatic du 14 mars) que les journaux consacrent moins de temps aux faits divers et plus de temps aux analyses. Peu de changements significatifs ont été observés en ce sens. La tendance actuelle des médias traditionnels - et pas seulement la RTBF - les pousse à tenter de suivre le rythme de l’Internet, avec le risque permanent de déraper ou d’en faire beaucoup trop. Il nous semble, tout au contraire, que leur seule chance de survie, qu’il s’agisse de la radio, de la télévision ou de la presse écrite, est précisément de développer une autre manière d’informer que celle de l’immédiateté, une autre conception de l’info davantage basée sur le recul et l’analyse que réclamaient justement les téléspectateurs en mars 2011.

  • En marge de cette réflexion, mais sans lien direct avec le Contrat de Gestion, RTBF89 s’est posé la question de l’opportunité d’avoir à la tête de la RTBF un Administrateur délégué qui soit, dans le même temps, Président du Conseil d’Administration de la Régie Média Belge, interface entre les annonceurs publicitaires et la RTBF. Nous tenions à faire part ici du réel malaise qui existe à ce sujet chez le public qui s’intéresse un tant soit peu au fonctionnement des médias.

  • Notre dernier constat débouche sur une proposition. Nous avons relevé plus haut les nombreuses utilisations de la formule « dans la mesure du possible ». Nous constatons également que si tous les cinq ans, il est discuté de ce que sera le prochain Contrat de Gestion, il n’est en revanche toujours pas prévu de faire le bilan de la période écoulée. 

    RTBF89
    suggère que soit introduite la notion de résultat dans le prochain contrat, avec une évaluation où seraient entendus les mêmes acteurs que lors de l’élaboration du contrat de gestion et qui aurait lieu à la moitié du terme de celui-ci, soit au bout de deux ans et demi.

    Dans la même optique, RTBF89 propose ou soutient toute proposition allant dans le sens d'une participation de représentants de la société civile aux décisions du Conseil d'Administration de la RTBF. En tant que citoyens, il nous paraît légitime que la transparence soit l'une des composantes naturelles lorsqu'il s'agit des Institutions démocratiques. Il nous paraît tout aussi légitime que cette transparence s'exerce également dans le cadre d'une entreprise de service public qui s'invite tous les jours dans nos vies, par petit écran ou radio interposés.



Pour le collectif RTBF89,

Isabelle Marchal

Eric Pecher

Catherine Godart

Philippe Walraff


Contact: rtbfblog@gmail.com

Blog: rtbf89.blogspot.be

Groupe Facebook: www.facebook.com/groups/rtbf89/


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(*) Ce qui, en soi, n'est pas un mal.

mercredi 23 mai 2012

La traversée du couloir

Voici un témoignage que nous avons reçu récemment et que nous avons décidé de partager avec vous.

Bonne lecture !


La traversée du couloir


Voici un peu plus de quinze ans que je regarde le JT de la RTBF, avec un niveau de satisfaction finalement assez faible. Mes attentes sont pourtant simples : une information claire, complète, détaillée, précise et ne traînant pas en longueur. A la place, je trouve des informations approximatives (usage habituel du conditionnel), qui ne répondent pas aux questions proposées dans les titres (effet d'annonce ?), qui n'en sont pas vraiment (le traitement de l'information consiste presque exclusivement en un micro-trottoir), répétitives voire redondantes (trois reportages d'affilée sur le même sujet), qui sombrent dans le sensationnalisme, et pour lesquelles le journaliste termine souvent le sujet par un jeu de mots poussif. Sans parler du placement pour les émissions produites par la RTBF.

Et je ne parle pas des sous-titres : fautes d'orthographe, inversions, arrivées précoces ou tardives (le présentateur excusera éventuellement la mauvaise qualité du son ou de l'image mais jamais celle des sous-titres). Déjà en février 2005, j'avais interpellé Yves Thiran, alors Directeur de l'information et de l'éthique, à propos de ce point; il m'avait répondu : "Nous avons régulièrement des sous-titres, disons, créatifs. La solution passe par une automatisation plus poussée des procédures. C'est en route". Sept ans plus tard, je n'ai toujours pas constaté d'amélioration notable, malheureusement.

Pour me consoler de ces déceptions, j'ai bien commis quelques infidélités en regardant le JT de RTL-TVI, mais ça ne durait jamais très longtemps. Non pas que l'information y soit moins bonne, mais simplement parce que tout y est présenté, à mon sens, de manière volontairement accrocheuse, pour ne pas dire racoleuse. Et tous les éléments d'un marketing minutieusement préparé sont présents : titres, infographie, vocabulaire, etc. Et ça a l'air de lui réussir pas trop mal puisque le JT de RTL-TVI devance régulièrement celui de la RTBF dans les taux d'audience.

D'ailleurs, à plusieurs reprises, la RTBF a opéré des changements afin d'essayer d'inverser ce phénomène. Certains étaient purement cosmétiques (la décoration du studio ou la couleur des sous-titres), d'autres modifiaient parfois la manière de présenter l'information (le journaliste responsable du sujet n'est plus assis à la même table que le présentateur, mais debout avec une infographie en fond d'écran) ou encore copiaient ce qui se faisait sur RTL-TVI (l'angle de la caméra changeait à chaque nouveau sujet) ou sur France 2 (présentation des sujets suivants à la mi-édition).

Après quelques semaines, déçu et un peu écœuré, je revenais au JT du service public, faute de mieux, et à mes insatisfactions initiales.

Et puis, il y a quelques mois, j'ai commencé à regarder le JT de la VRT de 19h00, avant de passer à celui de la RTBF à 19h30. Ainsi, j'avais vu le principal de l'actualité belge et internationale sur la VRT, et je complétais ce qui était typiquement wallon avec la RTBF. Mais au-delà du fond, difficile de ne pas comparer la forme. Et quelle différence ! Oui, la langue, bien sûr, mais tous les journalistes de la VRT en studio ont une prononciation impeccable (ce qui est loin d'être le cas de François De Brigode) et pas trop rapide. Ceux qui sont sur le terrain également, même si les rares correspondants d'origine néerlandaise sont parfois plus difficiles à décrypter.  Moins de formalisme (la tenue est cool, la cravate n'est pas obligatoire, on peut avoir le look "Paul Magnette", les journalistes se tutoient), les reportages sont bien ficelés et les informations sont telles que je l'espérais. Même dans des cas "extrêmes" (l'hommage aux enfants décédés dans l'accident de bus à Sierre, par exemple), la présentation était d'une dignité sans égale.

Devant cette évidence, il ne m'a pas fallu longtemps pour couper le cordon avec le JT de la RTBF; depuis plusieurs mois, je ne regarde plus que le JT de la VRT, à ma plus grande satisfaction.
Votre néerlandais souffre de quelques lacunes ? Pas de problème : tout le JT est sous-titré via la page 888 du télétexte. Vous maîtrisez plusieurs langues étrangères ? Vous serez comblé : tous les acteurs de l'actualité passent en VO, avec des sous-titres en néerlandais.

Et après le JT, que regardent tous les Belges ? La météo, bien sûr ! Et la version de la VRT est drôlement bien faite, avec des cartes détaillées à l'appui, où on se garde bien de vous fournir des informations inutiles ("nous fêterons demain les Cunégonde"), où on ne vous communique pas l'horaire des marées, contrairement à la météo de la RTBF (ça doit certainement intéresser les pêcheurs de crevettes wallons, allez comprendre) et où, à la fin, vous aurez droit à un "dag" sympa du présentateur ou de la présentatrice, plutôt qu'un systématique et artificiel "et surtout, prenez bien soin de vous".

Cette immersion est d'ailleurs très instructive, à plusieurs points de vue. Ainsi, ce boulanger flamand qui ne trouve pas d'ouvrier parce que les horaires sont difficiles. On est parfois bien loin de la caricature du flamand courageux qui, comme des millions d'autres, se lève tôt pour aller travailler. Ou encore cette affaire où la justice flamande enquête sur les relations entre le Parquet d'Anvers et une fraude présumée de diamants.
Ces sujets sont traités très ouvertement, tout à fait normalement, sans être minimalisés. Au début, il est assez déroutant de constater que la "vraie" Flandre ne correspond pas à ce que les hommes politiques flamands voudraient nous faire croire au travers des médias francophones.

Alors, au terme de cette expérience, la question qui se pose est de savoir si, un jour, je retraverserai le couloir du boulevard Reyers 52, pour retourner du côté obscur de l'information. A votre avis ?

Daniel Meyer.

mercredi 16 mai 2012

Les mercredis sans pub ?

Ce lundi 14 mai a été auditionné le Conseil de la Jeunesse au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles dans le cadre de l'élaboration du prochain Contrat de Gestion de la RTBF.

Etant donné que RTBF89 ne sera pas auditionné (malgré sa demande), nous nous sommes associés au Conseil de la Jeunesse concernant une proposition concrète que nous souhaiterions voir mise en application.
Ceci ne sera pas notre unique recommandation mais en sera une des plus importantes pour remettre sur la table des négociations la question de la présence publicitaire à la RTBF.

Voici ce texte de proposition:

« Les mercredis sans pub à la RTBF ? »

Etant donné :

- la pression publicitaire de plus en plus forte et insupportable constatée sur les ondes du service public par nombre d'auditeurs et de téléspectateurs ces dernières années;
- les récents propos tenus par Jean-Paul Philippot, Administrateur-Général de la RTBF, annonçant "qu'il n'est pas sain d'asseoir la croissance des moyens de la RTBF sur le pilier de la publicité" (La Libre, 13 mars 2012);
- la tendance de la pression publicitaire à influencer le contenu et les horaires des programmes;
- l'influence néfaste de la publicité sur la jeunesse, en particulier en ce qui concerne l'alimentation et l'hygiène de vie;
- la volonté de la Fédération Wallonie-Bruxelles de promouvoir des politiques de santé, en opposition complète avec les publicités pour certains types de produits dits de "malbouffe";

RTBF89 et le Conseil de la Jeunesse demandent que soit mis en place une journée par semaine "sans pub, ni sponsoring" sur les ondes radios et les chaines de télévision de la RTBF.

Cette journée serait idéalement le mercredi, pour les motifs suivants :

- en télévision, c'est la journée habituellement consacrée aux magazines d'information et de société: ces émissions gagneraient grandement à se libérer de la pression publicitaire qui influencerait leur forme et leur contenu;
- ce jour constituerait un "bol d'oxygène" et de tranquillité au milieu de la semaine, en particulier en radio où les auditeurs ont pu constater lors de rares précédentes journées sans publicité une manière totalement différente d'apprécier la radio sans interruptions bruyantes et envahissantes propres à la pub radio (bien plus intrusive qu'en télé);
- c'est une journée potentiellement suivie par la jeunesse, cible à préserver prioritairement des méfaits de la publicité;
- ce jour, enfin, constituerait un laboratoire afin de stimuler une réflexion sur la publicité et notre société de consommation par l'entremise de programmes d'éducation aux médias qui pourraient prendre la place laissée vacante par la pub.
Ces programmes pourraient aborder la thématique des multiples formes de publicités et des pratiques parfois insidieuses de celles-ci (notamment sur les nouveaux médias, sur le placement de produit, etc.).

Conscients du manque à gagner que constituerait une journée sans revenus publicitaires un jour par semaine, et sachant que la RTBF est l'un des médias publics européens (de taille et de marché comparables) les plus faiblement dotés par des sources publiques, nous demandons que la subvention publique soit proportionnellement revue à la hausse et que le nouveau contrat de gestion mette en place des mesures prévoyant d'en limiter les dépenses lorsque que celles-ci sont utilisées pour financer des activités qui n'ont pas (ou peu) de vocation de "service public".

Le financement des programmes d'éducation aux médias pourrait être partiellement soutenu par la Loterie Nationale, sous certaines conditions strictes.

Nous demandons enfin que soient envisagées des pistes de financement alternatives non reprises dans l'étude Deloitte*; entre autres l'idée que les dépenses publicitaires des sociétés ne fassent plus l'objet d'une exonération fiscale à 100% mais soient légèrement taxées pour compenser une diminution des recettes publicitaires des médias de service public.

A ce stade, les cosignataires ayant déjà répondu à notre appel sont : Conseil de la Jeunesse - RTBF 89 - Asbl Coala - la Fédération InforJeunes Wallonie-Bruxelles - la Fédération des Jeunesses Musicales Wallonie-Bruxelles - le Centre de Jeunes et de la Culture de Rochefort - DEI Belgique (Défense des Enfants International) - La Fédération Nationale des Patros - Jeunes Cdh – EcoloJ – Le Projet Coup2Pouce -
L’association Loupiote - Empreintes Asbl - ACMJ (Action Ciné Média Jeunes) - Le Conseil de la Jeunesse Catholique (CJC) – Jeunes CSC – La CODE (Coordination des ONG pour les droits de l’enfant) - l’UNECOF – Univers Santé – Consoloisirs.be.

http://www.conseildelajeunesse.be/Les-mercredis-sans-pub,394

* Etude de Deloitte relative au « financement de la RTBF et à la recherche de financements
alternatifs à la publicité et au sponsoring sans affaiblir l’offre de service public et en
garantissant la stabilité et la pérennité du financement de cet opérateur »
Pour continuer la réflexion et mener le débat, une table-ronde aura lieu dans la foulée le vendredi 25 mai à 15h à la Communauté française (Salle Henry Ingberg – Boulevard Léopold II, 44 à 1080 Molenbeek-Saint-Jean), pour débattre de cette proposition, évènement ouvert à tous !

jeudi 16 février 2012

Plainte au CSA pour diffusion d'images violentes sans avertissement pour la protection des mineurs

Le 24 octobre dernier, j'introduis une plainte auprès du CSA pour un manquement dans la protection des mineurs concernant un sujet au JT sur la mort de Khadafi (3 éditions de JT sans avertissements).

Sur le fond, la RTBF reconnait avoir volontairement ignoré ces avertissement car elle estime qu'après 4 jours et vu la diffusion médiatique de ces images, elles avaient perdu leur potentiel de nuisance auprès des mineurs.
Le CSA donne raison à la RTBF sur le fond, cependant le CDJ m'informe de ceci :
indépendamment du traitement de ce cas particulier par le CSA,
mais suite à celui-ci, j'ai été invité au CSA pour rappeler 
les règles déontologiques que les journalistes et les médias 
doivent respecter à propos des images de violence. 
Ce qui signifie qu'une plainte comme la vôtre peut avoir 
des effets en cascade.
Par ailleurs, je vous invite à lire la forme de l'argumentaire de la RTBF en ce qui concerne le plaignant.
(texte complet de la conclusion : http://www.csa.be/documents/1694 )

2. Argumentaire de l’éditeur de services
Dans son courrier au Secrétariat d’instruction et lors de son audition par le Collège, l’éditeur commence son argumentation en relevant que les séquences litigieuses n’ont fait l’objet que d’une seule plainte, émanant  d’ailleurs d’une personne ayant déjà saisi le CSA d’une plainte similaire. Il estime donc qu’on ne peut pas parler d’indignation générale et que l’on se trouve plutôt face à un plaignant qui tenterait d’instrumentaliser le CSA pour un combat personnel sans rapport avec la protection des mineurs.


Le CSA répond à ça (et c'est heureux !) :

3.1. Quant à la qualité du plaignant et à la quantité de plaintes
Il n’appartient pas au Collège de prendre en considération la qualité du plaignant ou la quantité des plaintes reçues, mais bien les seuls faits dénoncés. Quels que soient les objectifs du plaignant et quel que soit l’écho d’une plainte dans le grand public, à partir du moment où celle-ci remplit les critères de recevabilité, elle doit être traitée avec le même soin que n’importe quelle autre plainte. De la même manière, les récriminations d’une pétition seront jugées avec le même souci d’impartialité et selon les mêmes critères d’analyse qu’une interpellation individuelle.
En l’espèce, la plainte posait une question sur laquelle le Collège a eu à se prononcer à plusieurs reprises, et notamment dans une affaire récente concernant la RTBF1. Il n’est donc aucunement question  d’instrumentalisation du Collège qui a considéré, en toute indépendance, que la question soulevée était digne d’intérêt.


J'ai répondu à la fois au CSA et à la RTBF :

Message adressé au CSA
Copie à : Service Médiation RTBF & André Linard (CDJ)

N/Réf. : CD/nm/4023/28505/48-11
(CSA)

Chère Madame Dumont,


Je vous remercie pour le suivi de cette plainte et de sa conclusion.
Je souhaite toute fois réagir à cette conclusion et apporter quelques précisions principalement à destination de la RTBF - d'où la mise en copie de ce message au Service Médiation de la RTBF.
J'ajoute également Monsieur André Linard du CDJ qui a été contacté à ce sujet en même temps, le 24 octobre dernier, pour sa propre information.

En effet, j'ai été surpris de lire que la première partie de l'argumentaire de la RTBF dans l'instruction de cette plainte résidait en une tentative de me stigmatiser en réduisant mon statut à celui d'un "plaignant qui tenterait d’instrumentaliser le CSA pour un combat personnel sans rapport avec la protection des mineurs." (cf. http://www.csa.be/documents/1694 )
Je suis père de deux enfants et la protection des mineurs (ainsi que l'évolution des pratiques des médias) fait partie intégrante de mes préoccupations de parent et c'est bien en ces termes que j'ai déposé plainte.
Outre le fait que j'appartiens à un groupe de réflexion sur l'évolution de la RTBF, RTBF89, cela ne m'empêche pas d'avoir des considérations personnelles et indépendantes du groupe RTBF89.

Cela pose, d'ailleurs, une autre question : en quoi une plainte issue d'un citoyen qui militerait pour les respects de pratiques et de droits qui ne le concernent pas directement serait-elle moins pertinente, pourvu que les faits soient établis ?
En cela, je suis heureux de constater que le CSA ne prend en considération que les simples faits et défende l'intérêt général plutôt que des intérêts particuliers.

Par ailleurs, sur le cas précis du 24 octobre, je tiens à préciser que je n'avais vu qu'une seule fois des images de Khadafi similaires à celles utilisées pour le sujet du 24 octobre dans les 4 jours précédents et dans un sujet dont les images choquantes étaient beaucoup moins présentes - l'avertissement à l'attention des mineurs était d'ailleurs bien présent ce jour-là.
J'étais donc très étonné d'une séquence aussi longue et insistante (le CSA mentionne 30 secondes d'images violentes, l'équivalent d'un spot publicitaire) sur le sujet ET l'absence d'avertissement de rigueur sachant l'augmentation du nombre d'images choquantes par rapport aux jours précédents. Ceci comme ce qui pourrait être pris pour une surenchère.

J'imagine très bien que d'autres personnes que moi aient pu découvrir ces images plus tardivement et sans avoir pris connaissance de la nature violente et choquante de ces images.

N'étant pas spécialiste en la matière de protection des mineurs et de la nuisibilité réduite d'images choquantes après un certain temps ou une certaine exposition médiatique, je fait entièrement confiance aux conclusions rendues par le Collège d’autorisation et de contrôle. J'apprécierai d'ailleurs d'en apprendre d'avantage à ce sujet, s'il existe des études claires quant à la nuisance de ces images et comment on peut déterminer scientifiquement que de telles images perdent de leur nuisance après une certaine durée d'exposition médiatique.
Ceci pour ne pas reproduire moi-même la même erreur de jugement quant à la nuisance potentielle d'images violentes à l'avenir.

Veuillez recevoir mes meilleures salutations,

Eric Pecher