jeudi 16 février 2012

Plainte au CSA pour diffusion d'images violentes sans avertissement pour la protection des mineurs

Le 24 octobre dernier, j'introduis une plainte auprès du CSA pour un manquement dans la protection des mineurs concernant un sujet au JT sur la mort de Khadafi (3 éditions de JT sans avertissements).

Sur le fond, la RTBF reconnait avoir volontairement ignoré ces avertissement car elle estime qu'après 4 jours et vu la diffusion médiatique de ces images, elles avaient perdu leur potentiel de nuisance auprès des mineurs.
Le CSA donne raison à la RTBF sur le fond, cependant le CDJ m'informe de ceci :
indépendamment du traitement de ce cas particulier par le CSA,
mais suite à celui-ci, j'ai été invité au CSA pour rappeler 
les règles déontologiques que les journalistes et les médias 
doivent respecter à propos des images de violence. 
Ce qui signifie qu'une plainte comme la vôtre peut avoir 
des effets en cascade.
Par ailleurs, je vous invite à lire la forme de l'argumentaire de la RTBF en ce qui concerne le plaignant.
(texte complet de la conclusion : http://www.csa.be/documents/1694 )

2. Argumentaire de l’éditeur de services
Dans son courrier au Secrétariat d’instruction et lors de son audition par le Collège, l’éditeur commence son argumentation en relevant que les séquences litigieuses n’ont fait l’objet que d’une seule plainte, émanant  d’ailleurs d’une personne ayant déjà saisi le CSA d’une plainte similaire. Il estime donc qu’on ne peut pas parler d’indignation générale et que l’on se trouve plutôt face à un plaignant qui tenterait d’instrumentaliser le CSA pour un combat personnel sans rapport avec la protection des mineurs.


Le CSA répond à ça (et c'est heureux !) :

3.1. Quant à la qualité du plaignant et à la quantité de plaintes
Il n’appartient pas au Collège de prendre en considération la qualité du plaignant ou la quantité des plaintes reçues, mais bien les seuls faits dénoncés. Quels que soient les objectifs du plaignant et quel que soit l’écho d’une plainte dans le grand public, à partir du moment où celle-ci remplit les critères de recevabilité, elle doit être traitée avec le même soin que n’importe quelle autre plainte. De la même manière, les récriminations d’une pétition seront jugées avec le même souci d’impartialité et selon les mêmes critères d’analyse qu’une interpellation individuelle.
En l’espèce, la plainte posait une question sur laquelle le Collège a eu à se prononcer à plusieurs reprises, et notamment dans une affaire récente concernant la RTBF1. Il n’est donc aucunement question  d’instrumentalisation du Collège qui a considéré, en toute indépendance, que la question soulevée était digne d’intérêt.


J'ai répondu à la fois au CSA et à la RTBF :

Message adressé au CSA
Copie à : Service Médiation RTBF & André Linard (CDJ)

N/Réf. : CD/nm/4023/28505/48-11
(CSA)

Chère Madame Dumont,


Je vous remercie pour le suivi de cette plainte et de sa conclusion.
Je souhaite toute fois réagir à cette conclusion et apporter quelques précisions principalement à destination de la RTBF - d'où la mise en copie de ce message au Service Médiation de la RTBF.
J'ajoute également Monsieur André Linard du CDJ qui a été contacté à ce sujet en même temps, le 24 octobre dernier, pour sa propre information.

En effet, j'ai été surpris de lire que la première partie de l'argumentaire de la RTBF dans l'instruction de cette plainte résidait en une tentative de me stigmatiser en réduisant mon statut à celui d'un "plaignant qui tenterait d’instrumentaliser le CSA pour un combat personnel sans rapport avec la protection des mineurs." (cf. http://www.csa.be/documents/1694 )
Je suis père de deux enfants et la protection des mineurs (ainsi que l'évolution des pratiques des médias) fait partie intégrante de mes préoccupations de parent et c'est bien en ces termes que j'ai déposé plainte.
Outre le fait que j'appartiens à un groupe de réflexion sur l'évolution de la RTBF, RTBF89, cela ne m'empêche pas d'avoir des considérations personnelles et indépendantes du groupe RTBF89.

Cela pose, d'ailleurs, une autre question : en quoi une plainte issue d'un citoyen qui militerait pour les respects de pratiques et de droits qui ne le concernent pas directement serait-elle moins pertinente, pourvu que les faits soient établis ?
En cela, je suis heureux de constater que le CSA ne prend en considération que les simples faits et défende l'intérêt général plutôt que des intérêts particuliers.

Par ailleurs, sur le cas précis du 24 octobre, je tiens à préciser que je n'avais vu qu'une seule fois des images de Khadafi similaires à celles utilisées pour le sujet du 24 octobre dans les 4 jours précédents et dans un sujet dont les images choquantes étaient beaucoup moins présentes - l'avertissement à l'attention des mineurs était d'ailleurs bien présent ce jour-là.
J'étais donc très étonné d'une séquence aussi longue et insistante (le CSA mentionne 30 secondes d'images violentes, l'équivalent d'un spot publicitaire) sur le sujet ET l'absence d'avertissement de rigueur sachant l'augmentation du nombre d'images choquantes par rapport aux jours précédents. Ceci comme ce qui pourrait être pris pour une surenchère.

J'imagine très bien que d'autres personnes que moi aient pu découvrir ces images plus tardivement et sans avoir pris connaissance de la nature violente et choquante de ces images.

N'étant pas spécialiste en la matière de protection des mineurs et de la nuisibilité réduite d'images choquantes après un certain temps ou une certaine exposition médiatique, je fait entièrement confiance aux conclusions rendues par le Collège d’autorisation et de contrôle. J'apprécierai d'ailleurs d'en apprendre d'avantage à ce sujet, s'il existe des études claires quant à la nuisance de ces images et comment on peut déterminer scientifiquement que de telles images perdent de leur nuisance après une certaine durée d'exposition médiatique.
Ceci pour ne pas reproduire moi-même la même erreur de jugement quant à la nuisance potentielle d'images violentes à l'avenir.

Veuillez recevoir mes meilleures salutations,

Eric Pecher

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