La Trois sera sans doute, pour nous et pour la RTBF, la plus passionnante chaîne de télévision, en terme de “service public”.
Hélas, il est à craindre qu’elle ne sera vue que par un public minoritaire. Et que beaucoup (volontairement, ou par amateurisme?) a été fait pour qu’il en soit ainsi.
On constate une sorte de fatalisme, une absence d’ambition de la direction, quand François Tron, le directeur des télévisions, répond à Alain Gerlache, le 24 septembre, dans Inter-Médias: quand à l’audience, “si on oscille entre 1% et 2%, je suis content”.
La presse quotidienne semble faire un effort (notamment Le Soir qui, à l’occasion de cette naissance, a renouvellé la présentation de sa page télé, et, hélas, supprimé les programmes radio), mais ce n’est pas du tout le cas pour la presse hebdomadaire. Or, ces magazines permettent sans doute d’atteindre justement un vaste public populaire.
Prenons comme exemple la presse télé et la presse féminine. Dans les grilles qui détaillent les programmes TV, au jour le jour, de la semaine à venir, aucun espace n’est consacré à La Trois, pour sa première semaine: ni dans Ciné-Télé-Revue, Télépro, Télé-Pocket, Flair ou Femmes d’Aujourd’hui.
Quant à Télémoustique, il la relègue en cinquième page de ses programmes, à côté de TV Breizh, sur un quinzième de page, et sans illustration.
D’autre part, il me semble contreproductif de clamer partout que cette chaîne sera réalisée avec presqu’aucun financement ( “une nouvelle chaîne créée sans argent”, Le Dernière Heure, 08/09/2010). Cela ne fait pas très sérieux dans le monde des médias.
Mais pire... Quelle injustice! La Trois, qui symbolise désormais si bien les missions de service public, devrait être prgrammée et promotionnée avec un budget de survie, à l’inverse de La Une, et surtout de La Deux, cette dernière se reprofilant désormais officiellement comme une chaîne “lifestyle” (branchouille, mode...), style tant apprécié par les annonceurs.
L’argent de la dotation irait donc surtout aux deux premières chaînes qui, progressivement, appliqueront de moins en moins les obligations du contrat de gestion. Cherchez l’erreur. Viendra sans doute un jour où l’Union européenne, qui traque la concurrence déloyale notamment envers les chaînes privées, exigera, avec raison, que la dotation ne finance plus que La Trois.
Ne rien coûter, c’est quand même un budget d’un million d’euros par an. Le chiffre est cité par Le Soir du 08/09/2010. Mais est-ce beaucoup ou non par rapport à Arte Belgique, ce décrochage ertébéen qui nous empêche de découvrir l’intégralité de la programmation de la chaîne franco-allemande?
Comme vient de le souligner avec courage Anne Sandront dans L’Avenir, ce 25/09/2010: “en son temps, Arte Belgique avait permis d’évacuer de La Deux des missions de service public”. Pour tenter de mieux séduire les annonceurs, la RTBF avait décidé de décaler la culture de 20H vers la fin de la soirée sur La Deux, pour y programmer, en lieu et place, les émissions de Delarue, des séries et le feuilleton de France3, “Plus belle la vie”.
Pour éviter la critique, et continuer de pouvoir affirmer qu’elle diffusait de la culture en prime-time, elle a négocié un décrochage en début de soirée sur Arte pour y proposer “50 degrés Nord”.
À l’occasion du 1er anniversaire de ce talk-show quotidien de l’actualité culturelle, une conférence de presse fut organisée. La ministre Fadila Laanan y annonça que “...plus de 30.000 personnes regardent quotidiennement cette émission “.
Carine Bratzlavsky, la représentante de Arte Belgique, expliqua ensuite que, sur sa chaîne, “l’audience a augmenté de 30% de part de marché”.
Mais personne ne semble oser détailler plus clairement les audiences respectives des différentes diffusions: le passage sur le canal Arte à 20H15 et la rediffusion sur La Une selon un horaire variable, entre 23H30 et 01H00 du matin.
Il faut attendre une question d’une journaliste pour enfin découvrir que... l’audience sur le canal d’Arte est des plus minimes: “Une moyenne de 8.000 téléspectateurs durant la saison écoulée”, concède Mme Bratzlavsky.
À la fin de cette conférence de presse, j’ai demandé de nous préciser le profil de ces 8.000 téléspectateurs qui regardaient ce programme et Carine Bratzlavsky nous confirma qu’il s’agissait du même public que celui qui regarde Arte régulièrement et le caractérisa de: “...profil socioprofessionnel élevé”.
Et combien coûte donc Arte Belgique? Près de trois fois plus (cette somme étant versée en plus de la dotation) que la somme annoncée pour La Trois, soit, selon les années, plus ou moins trois millions d’euros.
Maintenant que le public a pris l’habitude de regarder La Deux défigurée et qu’il y a, grâce à la nouvelle chaîne de la RTBF, une réelle programmation culturelle proposée à des heures “convenables”, comment se fait-il que ni la majorité politique, ni la RTBF, ni la presse écrite ne posent ouvertement la question: à quoi sert encore Arte Belgique?
Source: Lettre “Consoloisirs” N°7 (2010) du 27 septembre 2010.
Bernard Hennebert.
http://www.consoloisirs.be/
"A R T E" Belgique ? Pourquoi "ARTE" ? ARTE est bilingue au moins, ici rien du tout ! Mais aussi quelle émission branchouilleuse ! Rien à faire à la TV , sinon pour la vanité de quelques branchoulles brusselwazes. C'est une émission qui devrait passer à la radio, rien de visuellement intéressant, et je n'ai jamais réussi à y rester collé du début à la fin. Aussi soporifique que "HEP TAXI!"
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