mercredi 24 novembre 2010

COMMERCIALISATION DE L’INFO

Journalisme de qualité et défense des valeurs démocratiques sont indissociables. Il est bon que les journalistes osent poser les "bonnes questions dérangeantes", qu'ils prennent le temps de « fouiller » pour mettre à jour des problèmes de société, s’appliquent à demander des comptes aux décideurs et dirigeants du pays. Il est essentiel que la télévision de service public nous ouvre au monde et pratique le journalisme d’investigation.
Mais ces démarches cruciales sont souvent peu « sexy », nettement moins que la plupart des faits divers.
Quand le journalisme devient trop attentif aux sondages, il perd automatiquement en profondeur, en saine impertinence, pour devenir sensationnel, pour titiller la corde sensible et présenter des sujets « people » faciles à comprendre ... et cela marche, malheureusement.
Quand même pour le JT, la RTBF est trop soucieuse d’obtenir un taux d’audience supérieur ou égal à RTL-TVI, la démocratie a perdu quelques plumes.

vendredi 19 novembre 2010

Pub ... top, chrono !

Vendredi matin, je bois mon café, je tente de m' informer sur la première ...
07.22 : pub jusqu'à 07.24 ; 4' de tranquillité ... puis re-pub de 07.28 à 07.30, quelques infos et re-re-pub de 07.40 à 07.42 ... Ouf, c'est passé, l'invité du matin arrive. 07.56 : il est brusquement interrompu pour faire place à des messages débiles (qu'on a déjà entendus 10 x) accompagnés de musiques (?) "nunuches" et d'humour (??) douteux.


Vais-je avoir le courage d'attendre les infos de 8h00 ?
10' de pubs sur 40' d'émission ! J'abandonne ...

jeudi 18 novembre 2010

Penser "audience" ou "service public" ?

La RTBF, un service public financé à 70% par l’argent des contribuables doit-il être attentif aux sirènes de la pub qui lui apportent 30 % de ses moyens … ? Ou continuer à penser « service public » (informer, divertir et éduquer) …

Cruel dilemme ?? Non, évidence … Quelle que soit l’audience, quoi qu’il arrive, quelle que soit la qualité de la programmation, l’argent public est là. Fidèle au poste. Par contre, les annonceurs sont volages et il faut donc les «chouchouter », les appâter … D’où le constat actuel, de (mauvais) choix qui sont souvent déterminés par l’étude scientifique ( ?) des taux d’audience ; on fait la part belle à des programmes faciles et accrocheurs, anecdotiques, faisant vibrer la corde sensible, sensationnels, limite voyeurs. La pub est au rendez-vous dès qu’on prévoit un taux d’audience important ; les annonceurs débarquent avec leurs « gros sabots » … et nous assomment avec leurs messages non sollicités et répétitifs. Si on n’est pas conditionné, on est agacé ; si on est conditionné, ils ont gagné.

Les infos et la météo sont des valeurs sûres et attirent donc la pub … « Matin première » sur la Une est un programme de bonne qualité mais l’invité de « Questions publiques » est souvent interrompu au milieu d’une phrase essentielle parce qu’il y a « de la pub sur le feu ». (Question de priorités) … et toutes les 10 minutes, on a droit à 2 minutes de messages abêtissants, récurrents, incitant à consommer, à polluer, nous faisant croire que le bonheur suprême c’est d’aller « faire les magasins », d’acheter des cadeaux de Noël inutiles, d’avoir un GSM dernier cri, de passer son temps au téléphone pour ne rien dire ; pubs agaçantes qui « récupèrent » l’ ambiance du moment (Achetez une voiture pour lutter contre le réchauffement climatique !! Luttez contre la crise en achetant chez nous) … Messages contre-productifs : « Bouffez ceci, buvez ça » qui doivent être contrecarrés par des campagnes menées par les services publics (ex. lutte contre l’obésité, problèmes de sur-endettement, innombrables problèmes environnementaux … ). « Contre-campagnes » organisées vaillamment, avec de petits moyens ; campagnes souvent un peu ringardes qui tentent maladroitement d’enrayer la grosse machine publicitaire bien rodée et super financée…

Temps perdu aussi, combien de minutes vides de sens autour de ces « moments-clef » (infos de 08h00, de 13h00, JT), combien de minutes de pub nous impose-t-on par jour, an ?!)

Envahissantes ces pubs qui n’osent même plus dire leur nom. D’ailleurs, la plupart des animateurs savent pertinemment bien que ça irrite et s’emploient à trouver des euphémismes : Nous nous retrouvons après « ceci »

Quel dirigeant de la RTBF défendrait vraiment de coûteuses (rapport qualité – prix !) productions comme « Y’a pas pire conducteur ». Nous n’allons pas insulter leur intelligence en suggérant qu’un seul d’entre eux apprécie vraiment ce genre de « divertissement » et pourtant, ils cautionnent allégrement la démarche pour défendre les parts de marché et leur ranking dans l’audimat. Pour apposer un vernis acceptable à cette option, ils parlent volontiers d’éviter le « syndrome Arte » … (On est loin d’ Arte … !) De plus, il semble assez condescendant de penser que la majorité du public n’aime que les programmes débilitants … Est-il impossible de réunir « les gens » autour d’un programme sensé ? Faut-il nécessairement faire appel « au plus petit commun dénominateur » pour intéresser ? Heureusement, des programmes comme « Questions à la une » sont encore là pour nous prouver le contraire. Bien qu'ils commencent aussi à surfer sur la pente glissante de l'audimat.

De nombreuses réponses à apporter à différents problèmes de société (violence, racisme, alimentation saine, respect de l’environnement, santé, connaissance des langues …) aboutissent à un même constat : il faut éduquer, mieux informer, il faudrait conscientiser … La Communauté française dispose d’un outil de communication performant, d’un porte-voix efficace : un service audio-visuel public dont les missions correspondent exactement à ces besoins criants. Soyons attentifs, ne permettons pas que l’outil soit détourné de la tâche essentielle qui lui est dévolue et qui justifie le financement par les contribuables …
Le service audio-visuel public peut faire un travail d’éducation permanente efficace en synergie avec les autres acteurs de l’éducation. Il a la main-mise sur les canaux qui « touchent » les générations actuelles pour éduquer, informer, conscientiser mais il doit reste informatif, inventif et éviter de diffuser des messages qui sabotent le travail d’éducation.
… C’est possible, si et seulement si, nous signons un contrat bien clair avec les gestionnaires de cet «outil » qui nous appartient encore à 70 ( ?) % …

jeudi 11 novembre 2010

Audimat, « secret défense » !


Dans un article paru le 10 novembre dans le quotidien en ligne l’Avenir.net, la RTBF se livre, par la voix de son porte-parole Bruno Deblander, à un exercice de communication.

article complet :
http://www.lavenir.net/article/detail.aspx?articleid=9167031

Les commentaires sont en bleu pour faciliter la lecture. Les passages en gris sont extraits de l'article.


Les chiffres d'audience de La Trois ?
Nous ne sommes pas habilités à les donner.
Par qui ? Je ne comprends pas.

Nous disposons de ces chiffres, mais nous les avons achetés dans le but d'optimiser la programmation. Nous sommes donc les seuls à en disposer.
Je comprends mieux : la RTBF a acheté l’exclusivité de ces chiffres car elle ne souhaite pas les communiquer. Est-ce cohérent avec les missions d’un service public et surtout, cela est-il conforme aux termes du contrat de gestion de la RTBF ?

Or, les résultats du CIM (*) n'ont de valeur que parce qu'ils sont contradictoires.
Raison de plus pour ne pas les soustraire à la contradiction.

«Pour apparaître dans le calcul des audiences, il faut avoir obtenu 1 % pendant au moins un anImpossible, puisque La Trois a seulement un gros mois d'existence.
La technique et ses limites ?
Si elle ne peut communiquer de chiffres, la RTBF indique néanmoins «ne pas avoir à rougir de ses premiers résultats.
Depuis la phrase précédente, la technique a fait un bond spectaculaire puisque les chiffres sont à présent disponibles.

Nous sommes satisfaits.
La Direction de la RTBF et son porte-parole sont satisfaits. L’histoire ne nous dit pas si le téléspectateur l’est aussi, mais évidemment, cela est secondaire.

Soyons clairs : c'est une chaîne OVNI.
Regardée par des Martiens ? Conçue par des extra-terrestres ?

Elle n'est pas construite dans la logique de fédérer et d'obtenir une audience tout au long de la journée.
C’est vrai qu’on n’y passe pas de publicité (enfin, une bonne nouvelle). Quelle importance, dans ce cas, de faire ou non de l’audience ?

Nous avons aussi obtenu des résultats encourageants (...) Nous sommes même devant certains opérateurs privés.
Car les chiffres des opérateurs privés sont disponibles, eux. C’est vraiment le monde à l’envers.

Le niveau de couverture par semaine et partant d'une vision de 15 minutes au moins est comparable à celui de Arte et dépasse TV5 ou AB4.
J'imagine que ces chaînes concurrentes seraient ravies de savoir que la RTBF, disposant de chiffres complets, annonce des résultats comparables ou supérieurs aux leurs sans qu’ils puissent les contester (ou les confirmer) par des analyses contradictoires...

On le voit, en choisissant d’opacifier le débat et en faisant de l’audimat une sorte de secret défense, la direction de la RTBF, par la voix de son porte-parole, en dit finalement très long sur des tas de choses : la vision qu'elle a de ses missions, de son public, de ses concurrents...

On ne manquera pas, pour finir, de s’arrêter un instant sur la note de bas de page, seule “touche personnelle” de l’auteur de l’article :
(*) CIM : Centre d'information sur les médias, qui calcule les audiences à destination des publicitaires.
C'est dire si leurs clients sont intéressés par les résultats d'audience d'une chaîne qui ne passe aucun de leurs spots ! Espérons cependant que les résultats des analyses du CIM n'en souffrent pas et qu'en tant que téléspectateurs citoyens, nous soyons un jour autorisés à y avoir librement accès...

dimanche 7 novembre 2010

La RTBF passe son tour aux Etats généraux


Les Etats généraux de la presse et des médias commenceront le 16 décembre 2010. Ils dureront toute l’année 2011. Ils visent à lancer une réflexion concernant ce secteur qui connait de grands bouleversements technologiques et économiques. Tous les opérateurs de presse écrite ou audiovisuelle sont appelés à y participer. Tous, sauf la RTBF, qui passe son tour. La raison invoquée pour ce désistement est la procédure judiciaire lancée contre la chaîne publique par les éditeurs de presse francophone. Selon eux, le plan de développement de RTBF.BE (à fort contenu écrit) ne fait pas partie de ses missions de service public. Pire, cela créerait même une concurrence déloyale, car la RTBF est subventionnée par les services publics. Ils ont donc assigné la RTBF en justice. Cette procédure interdirait qu’une série de questions soient abordées durant les débats. La RTBF a donc choisi d’y assister mais pas d’y participer.
Les éditeurs francophones, réunis au sein des Journaux francophones belges, disent regretter cette décision. Aucune raison juridique n’empêcherait la RTBF de participer aux débats. Ils y voient une nouvelle preuve de leur mauvaise volonté.
Sachez que ces Etats généraux seront ouverts à la société civile. On pourra trouver en ligne un forum, qui donnera à tout un chacun l’occasion de donner son avis ou de faire des propositions.

jeudi 4 novembre 2010

Et "La Trois", qui la regarde?

La presse aime en parler, que ce soit dans les journaux quotidiens ou les magazines hebdomadaires. Je veux parler de l'audimat, semblant faire vivre une chaîne et décider de la qualité et de la viabilité des émissions diffusées.

Pas un mot sur un éventuel "qualimat" qui serait bien plus parlant mais moins intéressant au niveau chiffre et mise en oeuvre. On en revient donc aux annonceurs publicitaires qui adorent consulter les résultats de l'audimat pour estimer l'impact éventuel de leurs spots.

Hors, les résultats publiés et accessibles au public ne sont qu'une sélection définie de l'audimat total. Il ne s'agit que des bons scores ou des flops prévisibles. Je cite alors Bernard Hennebert (que j'ai présenté dans un article précédent): "Avez-vous constaté que tous les journaux ont beaucoup disserté sur la nouvelle chaîne de télévision sans publicité de la RTBF, «La Trois», à l’occasion de sa naissance, le 25 septembre dernier?
Depuis, pas un seul résultat d’audience n’a été clairement publié dans la presse écrite. Même pas un premier bilan, après un mois d’activités."


Penchons-nous sur le nouveau né de la RTBF: "La Trois". Presque personne ne la regarderait selon les rumeurs de couloirs. Plus inquiétant, je recite Bernard Hennebert: "Les programmes de la matinée et de l’après-midi peuvent attirer entre 1.000 et 10.000 personnes. Si la première diffusion du JT de 19H30 sur «La Une» capte régulièrement l’attention de plus de 400.000 téléspectateurs, sa rediffusion à 20H30 sur «La Trois» en rassemblera environ 25.000."

Une chaîne marginale? Inquiétant quand on sait qu'elle fut créée pour assurer des programmes spéciaux dont ne voulaient plus La Une et La Deux: le JT pour sourds et malentendants, les programmes pour enfants, de nombreuses émissions culturelles, la diffusion des films en VO sous-titrée, etc.

C'est un fiasco total pour une idée qui se voulait bonne sur le papier. Personne ne profitera vraiment de l'absence de publicité et de sponsoring si personne ne regarde La Trois.